La convention démocrate qui se tient à
Philadelphie devait être celle de l’unité
retrouvée après la primaire. Mais ce sera sans
doute une unité de façade. En effet, des
révélations signées WikiLeaks ont entraîné la
démission de la présidente du Parti démocrate,
Debbie Wasserman Schultz, juste avant
l’ouverture de la grand-messe. Une série de
courriels suggère que les ténors du parti ont eu
la volonté de miner la campagne de Bernie
Sanders au profit de celle d’Hillary Clinton.
Il n’y aura toutefois pas de psychodrame familial
à Philadelphie. Car le 12 juillet dernier, Bernie
Sanders a fini par officialiser son soutien à
Hillary Clinton : « Madame Clinton a gagné les
primaires démocrates ! Je la félicite et je suis
fier d’être à ses côtés aujourd’hui », avait-il
lancé. Une convention chaotique est ainsi
évitée, en grande partie grâce à ce geste de
Bernie Sanders, et à son discours sur un
programme que la candidate Clinton avait
retaillé quasiment sur mesure pour l’électorat du
sénateur du Vermont.
« Bernie Sanders a annoncé que c’est la
plateforme la plus progressiste de l’histoire du
Parti démocrate. C’est ce qui explique du reste
qu’il ait attendu aussi longtemps pour la
soutenir, parce qu’ils étaient en négociation
depuis plusieurs semaines. Il l’a dit clairement
et son discours était, je pense, très, très bien
structuré. Il a montré à ses supporters que sur
toutes les grandes questions, au fond, il était en
relatif accord avec Hillary Clinton et qu’ils
avaient trouvé une plateforme, disons,
consensuelle », analyse le consultant
international René Lake, très impliqué dans
cette campagne.
Certains irréductibles ne veulent pas choisir
La convention est unie, mais il reste des
irréductibles comme le docteur Han, militant
pro-Sanders de la première heure. Il ne votera
pas pour Hillary Clinton : « Hillary Clinton a
gagné des millions de dollars grâce au lobby et
aux industries. Et nous espérons qu’elle soit
responsable des lois qui les concernent ? C’est
un conflit d’intérêts. La démocratie américaine a
été achetée dans les règles, et elle est
corrompue par l’argent », dénonce-t-il.
Un discours de rassemblement de Bernie
De nombreux électeurs risquent de s’abstenir
pour ne pas avoir à choisir entre Hillary Clinton
et Donald Trump, alors que la convention
républicaine vient de se terminer et que la
convention démocrate s’ouvre. Mat Louis,
républicain anti-Trump, est désabusé : « La
seule façon de gagner pour Hillary Clinton est
d’affronter Trump. Et la seule chance de gagner
pour Trump est d’affronter Hillary Clinton.
Nous
avons deux candidats antipathiques et sans
charisme. La plupart des gens vont aller voter
contre Hillary ou contre Trump, au lieu de voter
pour Hillary ou Trump. »
Un face-à-face qui finira par mobiliser ?
René Lake travaille sur sa troisième campagne
démocrate. Et il réfute tous ces arguments
négatifs : « On a eu le même problème en 2008,
pendant la campagne Obama-Clinton. Mais je
peux vous assurer que quand le face-à-face
Hillary Clinton-Donald Trump sera très apparent,
parce qu’il y aura eu des débats et que l’on
verra que c’est un choix entre deux types de
politiques, entre deux types de futur pour
l’Amérique, je crois que les choses vont se
clarifier. J’ai énormément de mal à imaginer que
15 % des supporters de Bernie Sanders
pourraient être hésitants dans deux ou trois
mois. Je ne le pense pas. »
Le courant du « Tous contre Trump »
Les démocrates ont travaillé pour montrer un
visage d’union sacrée. Toutes les tendances du
parti seront représentées cette semaine, et
notamment ce que l’on pourrait appeler le
courant Elizabeth Warren, qui s’exprimera dès
ce lundi soir. La sénatrice du Massachussetts a
publiquement croisé le fer avec Donald Trump,
et sa place d’honneur est bien le signal que
cette convention démocrate a pour slogan
« Tous contre Trump », dans la droite ligne de la
présidence Obama par ailleurs. « Hillary Clinton
s’est rendue compte très rapidement qu’elle ne
peut gagner cette élection que si elle a la
coalition Obama avec elle. La coalition Obama,
en clair, c’est une coalition de minorités »,
explique René Lake.
Et d’ajouter, au sujet d’Hillary Clinton : « Au
départ, elle pouvait penser – et certains
analystes le pensaient, notamment chez les
stratégistes démocrates – qu’avec
simplement la sympathie de fait qu’elle
pouvait avoir au niveau du vote féminin, ça
pouvait suffire. Mais elle se rend compte que
ça ne suffira pas. Il faut absolument le vote
des autres minorités, les Latinos et les Noirs
en particulier. A partir de ce moment-là, elle
n’avait plus tellement d’autre choix que de
devenir pratiquement le candidat d’un
troisième mandat de Barack Obama. Et je
pense que c’est une excellente stratégie. »
Alpha TIMBI MADINA
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