Donald Trump s’adresse ce soir pour la première fois au Congrès : ça n’est pas vraiment l’habituel discours sur l’Etat de l’Union, étant donné qu’il vient tout juste de prendre ses fonctions. C’est plutôt une prise de contact avec la branche législative du gouvernement dont il va avoir besoin s’il veut accomplir son programme. C’est donc un moment important pour lui.
C’est une sorte d’examen de passage pour Donald Trump qui a l’un des plus faibles taux de popularité atteint par un président qui vient tout juste d’être investi : 44% seulement des Américains approuvent ses premiers pas trébuchants à la Maison Blanche.
Ce soir, il a l’occasion d’améliorer son image s’il se tourne vers le futur au lieu de ressasser les grandes heures de sa campagne et d’insister lourdement sur sa victoire inattendue. Il doit dire aux Américains et aux membres du Congrès : voici ce que je propose, voyons ce que nous pouvons faire ensemble. Il doit cesser de ne s’intéresser qu’à sa base.
« Le premier enjeu [de ce discours], c’est la présidentialité, estime ainsi Françoise Coste, spécialiste des Etats-Unis à l’université de Toulouse. Car pour l’instant, du point de vue du tempérament, de son attitude, il n’a pas fait très président. Là, il a vu le décorum assez prestigieux du discours devant les deux chambres du Congrès, il peut habiter ses habits de président, peut-être pour la première fois. Et le deuxième [objectif, NDLR], c’est de rassurer son camp en proposant aux républicains une feuille de route législative, c’est-à-dire une liste d’idées de réformes, de propositions sur lesquelles le Congrès devra travailler très concrètement les prochains mois. Trump a agi principalement par des décrets, des « executive order », qui sont par définition des décisions unilatérales du président. »
Leur grande inquiétude, c’est qu’en dépit de son désir de « faire plus en dépensant moins », il ne fasse exploser le déficit et la dette, les deux ennemis d’un parti fiscalement conservateur. Trump refuse en effet de couper dans les deux programmes sociaux les plus coûteux : la retraite, mais aussi Medicare et Medicaid, les équivalents de la sécurité sociale en France.
Budget militaire en forte hausse
En revanche, il a annoncé hier, lundi, une hausse historique de près de 10% du budget de la Défense qui devrait s’élever en 2018 à 603 milliards de dollars. C’est énorme, même si ce n’est pas l’avis des généraux qui se plaignent d’un affaiblissement de leur armée dû à un manque de moyens.
Toutefois certains experts militaires doutent qu’une augmentation de cette ampleur soit nécessaire, et le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer a déjà exprimé son opposition, car, pour compenser cette hausse, le budget du département d’Etat par exemple va, lui, être réduit de 30%.
Une très mauvaise nouvelle pour les pays, dont ceux d’Afrique, qui comptent sur l’aide internationale. Mais est-ce vraiment une économie ? Le général Matthis, aujourd’hui patron du Pentagone déclarait en 2013 : « Si vous ne financez pas complètement le département d’Etat, je dois acheter plus de munitions. »
Rfi