Second et dernier volet d’une série de reportages de Rfi sur le général Amadou Sanogo, chef de l’ex-junte malienne. Pour la première fois depuis trois ans, il reçoit un journaliste sur son lieu de détention, à Sélingué au sud du Mali et évoque son règne entre 2012 et 2013. Inculpé « d’assassinat et de complicité d’assassinat », son procès s’est ouvert fin novembre avant d’être reporté.
Quand on dit à Amadou Sanogo que lors du coup d’Etat de mars 2012 le pouvoir lui a été offert sur un plateau d’argent par les véritables auteurs du putsch, il sursaute : « Non ! Non ! Je préparais un coup depuis longtemps. Le 22 mars, j’ai tout simplement profité d’une situation ». Et pour impressionner, il nous regarde droit dans les yeux et affirme : « Après le coup, si des colonels et des généraux de l’armée malienne m’ont suivi, c’est parce que je suis un leader. »
C’est plutôt parce que vous aviez les armes ? Non, réplique-t-il. Les nombreuses arrestations et violations des droits de l’homme quand il était aux affaires ? Il répond : « Je suis intervenu pour apaiser des situations, ordonner des libérations ». Notons que c’est à vérifier.
Pourquoi a-t-il tenté de s’accrocher au pouvoir ? Il dément. Mais l’homme devenu très pieux (un chapelet couleur blanche ne le quitte pas) a aussi de la rancœur : il n’a pas apprécié la médiation du Burkina dépêchée par la Cedeao peu après le putsch. Il se veut aussi menaçant : il a des dossiers bien rangés. Il fait des allusions, croise les jambes et prévient : « Je ne vais protéger personne ».
Que pense-t-il du président malien de transition de l’époque Dioncounda Traoré et de son Premier ministre Diango Sissoko ? « J’ai beaucoup de respect pour eux ». L’actuel président malien ? « C’est un homme de parole. » L’ancien président Amadou Toumani Touré qu’il a renversé ? « Respect ! » L’opposant malien Oumar Mariko ? « C’est comme s’il est de ma famille. » Cheik Modibo Diarra, un autre Premier ministre en 2012 ? Amadou Sanogo ne le porte pas trop dans son cœur. Ça doit être réciproque.
rfi