Clinton, Bush et Obama l’ont fait, pas Trump. Contactée par plusieurs médias américains, la Maison Blanche a confirmé qu’elle n’accueillerait pas cette année de dîner pour célébrer la fin du Ramadan, s’attirant (encore) un peu plus les foudres de la communauté musulmane.
Pas d’iftar (dîner de rupture du jeûne du Ramadan), donc, ni de réception à la Maison Blanche pour célébrer la fin du mois saint ce week-end, mais de « sincères salutations aux musulmans qui fêtent l’Aïd el-Fitr », signées Donald et Melania Trump. D’après Reuters, le secrétaire d’État Rex Tillerson aurait rejeté une demande de ses services pour organiser un tel événement cette année, rompant ainsi avec une tradition étatique vieille de plus de 20 ans.
En février 1996, Hillary Clinton, alors première dame, avait reçu 150 personnes à la Maison Blanche – dont plusieurs ambassadeurs et représentants musulmans – pour fêter la fin du Ramadan. Mais cette tradition, devenue annuelle sous la présidence de George W. Bush puis de Barack Obama, aurait en fait des origines bien plus anciennes…
Le communiqué de la Présidence moqué
« Durant cette fête nous est rappelée l’importance de la pitié, de la compassion et de la bienveillance », peut-on lire dans un communiqué de la Présidence en date du 24 juin. « Avec les musulmans à travers le monde, les États-Unis renouvellent leur engagement à respecter ces valeurs. Eid Mubarak », conclut le document.
Un message bref et moqué par certains internautes au vu de la rhétorique hostile de Donald Trump à l’égard des musulmans durant sa campagne présidentielle. Pendant celle-ci, il avait appelé à surveiller les mosquées aux États-Unis et promis d’interdire l’entrée dans le pays aux musulmans.
Si une réception pour l’Aïd avait eu lieu à la Maison Blanche, n’aurait-elle pas, de toutes façons, été boycottée ?
Une semaine après être entré en fonction, il avait décrété une interdiction d’entrée pour les ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, laquelle avait été contestée en justice puis suspendue après avoir suscité un tollé général. D’où la question : si ce fameux iftar – ou réception pour l’Aïd – avait bien eu lieu à la Maison Blanche cette année, n’aurait-il pas été, de toute façon, boycotté par une partie des invités ?
Premier iftar présidentiel en 1805, avec un diplomate tunisien
Comme le rappelle le Washington Post, le premier iftar de la Maison Blanche remonte en fait au 9 décembre 1805. Thomas Jefferson, un des pères fondateurs des États-Unis et troisième président américain, recevait alors l’ambassadeur tunisien Sidi Soliman Mellimelli, envoyé par le Bey de Tunis Hammouda Pacha. Il fut alors le premier président américain à organiser un dîner en plein mois du Ramadan en compagnie d’un musulman.
Selon les mémoires de John Quincy Adams, alors sénateur du Massachussetts (il deviendra président en 1825), il « a diné chez le Président, en compagnie de l’ambassadeur tunisien et de ses deux secrétaires. […] D’après l’invitation, le dîner devait être servi au coucher du soleil précisément – étant donné que nous sommes en plein milieu du Ramadan, période pendant laquelle les Turcs jeûnent tant que le soleil est au-dessus de l’horizon ».