Le groupe Etat islamique a revendiqué l’attentat : une camionnette a percuté la foule jeudi 17 août sur les Ramblas, l’avenue la plus touristique de Barcelone. La situation demeurait confuse jeudi soir. Le gouvernement catalan fait état de treize morts et plus de 100 blessés. La police régionale de Catalogne a annoncé avoir arrêté deux hommes. Un peu plus tard dans la soirée, les forces de l’ordre ont réussi à déjouer une deuxième attaque à Cambril au sud-ouest de Barcelone.
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué jeudi soir l’attentat dans un communiqué diffusé par son agence de propagande Amaq et relayé par le centre américain de surveillance des sites jihadistes, SITE.
La police a annoncé jeudi après-midi 17 août, vers 17h heure locale (15h TU), par mégaphones, qu’une « attaque terroriste » était « confirmée », après qu’une camionnette a percuté la foule sur l’avenue la plus touristique de Barcelone. Selon le gouvernement catalan, treize personnes ont été tuées, plus de 100 autres blessées, dont quinze gravement.
« Nous pouvons confirmer en ce moment qu’il y a 13 morts et plus d’une centaine de blessés », a déclaré à la presse le responsable de l’Intérieur du gouvernement régional catalan, Joaquim Forn, jeudi soir vers 23h heure locale. Les services d’urgence faisaient état de 80 blessés dont 15 graves, mais « nous savons que d’autres blessés se sont rendus directement dans les hôpitaux, et ce chiffre d’une centaine pourrait augmenter », a déclaré Joaquim Forn. Le bilan des morts pourrait aussi s’alourdir, a-t-il ajouté.
D’après la protection civile, au moins 18 nationalités seraient dénombrées parmi les victimes. Les nationalités confirmées, sans indication du nombre de ressortissants concernés ni de leur état, sont les suivantes : française, allemande, espagnole, néerlandaise, argentine, vénézuélienne, belge, australienne, hongroise, péruvienne, irlandaise, grecque, cubaine, macédonienne, chinoise, italienne, roumaine et algérienne.
Selon le journal catalan La Vanguardia, cité par Reuters, l’un des auteurs de l’attaque a été abattu lors d’une fusillade avec la police dans les faubourgs.
Deux suspects liés à l’attaque ont été arrêtés, a annoncé le président régional catalan Carles Puigdemont. L’un est Espagnol, l’autre Marocain, selon les autorités.
D’autres suspects sont encore recherchés. Ils auraient utilisé une seconde fourgonnette pour s’enfuir. Celle-ci a été retrouvée dans la localité de Vic, à 70 km de Barcelone, mais les autorités n’ont pas encore confirmé son lien avec l’attaque.
« Nous avons arrêté un homme et nous traitons cela comme une attaque terroriste », ont annoncé pour leur part jeudi soir les Mossos d’Esquadra, la police régionale, sur Twitter, ajoutant qu’il n’y avait « aucune personne retranchée dans un bar du centre de Barcelone », contrairement à ce qu’avaient avancé plus tôt des sources policières.
Selon le journal El Periodico cité par l’agence Reuters en fin de journée, deux hommes armés s’étaient retranchés dans un bar du centre de Barcelone. El Periodico faisait état de tirs dans le secteur de La Boqueria. Il n’est pas possible de dire pour l’instant si ces hommes étaient au volant ou dans la fourgonnette. Selon le quotidien El Pais, le conducteur du véhicule s’est enfui à pied, après avoir fauché des dizaines de personnes.
« C’est une personne de 23 ans, 25 ans maximum, cheveux châtains, visage très fin, a témoigné un Espagnol à la télévision TVE. Mon Dieu, j’ai vu cet homme! A deux mètres. Je surveillais mes enfants. Nous sommes dans un bar maintenant, nous nous sommes réfugiés. Il a écrasé des gens, sur 300, 350 mètres. Je l’ai vu lorsque la fourgonnette s’est arrêtée. Il avait quelque chose à la main, j’ai pensé à des explosifs. Je me suis éloigné pour mettre mes enfants à l’abri. Après je suis revenu aidé d’autres personnes. Il était tout seul, il semblait très perturbé. Comme s’il était drogué, avec des yeux très grands, c’était incroyable, incroyable. »
Des blessés ont été emmenés sur des civières vers un grand magasin de la chaine Corte Ingles, apparemment pour recevoir les premiers secours, a expliqué l’AFP. Des policiers demandaient aux commerçants à proximité de la collision de laisser entrer les passsants et de baisser les rideaux derrière eux. D’autres agents repoussaient la foule au-delà de la grande place de Catalunya, criant « attaque terroriste ».
Les stations de métro et de chemin de fer ont été fermées, ont annoncé sur Twitter les services des urgences de la ville.
« Tout le monde était terrorisé »
« Nous autres dans le café, la seule chose que nous avons vue c’est une avalanche de personnes,raconte un serveur de café de Las Ramblas au micro de RFI. Ils remontaient tous l’avenue de Las Ramblas jusqu’au bout sur la place de la Catalogne à côté d’ici. Les gens fonçaient en renversant les tables et les chaises, tout le monde était terrorisé, les gens pleuraient. Après avoir aidé les gens quelques minutes on a commencé à demander des informations à la police. Il semble que ce soit une fourgonnette blanche qui a foncé sur toutes les personnes qui marchaient sur Las Ramblas. La police m’a dit qu’il y avait plusieurs fusillades dans la ville. Il paraît aussi que sur l’avenue, dans un café qui s’appelle Istanbul, il y a un ou plusieurs terroristes retranchés. Toute la police est devant, mais on ne sait pas ce qu’il se passe. La police a évacué tous les gens qui étaient sur l’avenue et la place de Catalogne. Tout est bouclé. Il ne reste que la police, les ambulances, et nous quelques serveurs pour aider la police en leur donnant de l’eau, et en fournissant une petite aide humanitaire si besoin. »
Un chauffeur de taxi a par ailleurs confié à RFI avoir vu une fourgonette faire des « S » dans la foule pour toucher le maximum de personnes.
« Collision massive sur Las Ramblas de Barcelone menée par une personne à bord d’une camionnette, plusieurs blessés », avait indiqué un peu plus tôt le service de communication des Mossos d’Esquadra, la police catalane.
La police a abattu quatre terroristes présumés lors d’une deuxième attaque
Plus tard dans la nuit de jeudi à vendredi, la police espagnole a annoncé qu’une opération était en cours à Cambrils au sud de Barcelone, exhortant ses habitants à « rester à l’abri ». Une voiture a foncé dans la foule dans la station balnéaire avant d’être arrêtée par les tirs de la police.
Les forces de l’ordre affirment avoir abattu « quatre terroristes présumés » et qu’un cinquième avait été blessé lors de la fusillade. Six civils et un policier ont été blessé. Sur son compte Twitter, la police a fait savoir qu’elle considérait cette attaque comme étant liée à celle qui a fait 13 mort un peu plus tôt à Barcelone.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a fait savoir qu’il était en contact avec tous les services. « La priorité : soigner les blessés de Las Ramblas et faciliter le travail des forces de sécurité. »
C’est la première fois que la ville de Barcelone est ciblée par une attaque terroriste. La course folle d’une voiture ou d’un camion comme arme de terreur renvoie à un mode opératoire déjà utilisé lors d’attentats imputés ou revendiqués par le groupe Etat islamique à Nice, Berlin ou Londres.
Le dernier attentat lié au terrorisme islamiste sur le sol espagnol date du 11 mars 2004. Ce jour-là, des bombes avaient explosé dans des trains à Madrid faisant 191 morts.
RFI