Arrêtée samedi avec sa mère et sa sœur, la Rwandaise Diane Rwigara était interrogée lundi pour « des infractions contre la sécurité de l’État ». L’opposante avait tenté de se présenter à la dernière présidentielle face à Paul Kagame.
L’opposante rwandaise Diane Rwigara, qui avait tenté de se présenter à la dernière présidentielle face à Paul Kagame, était interrogée par la police, lundi 25 septembre, deux jours après son arrestation. Sa mère et sa sœur ont également été interpellées et entendues.
« Lors de l’enquête en cours, la police a découvert des preuves crédibles liant le trio à des infractions contre la sécurité de l’État », d’après un communiqué du porte-parole de la police rwandaise que l’AFP a pu consulter lundi.
« Punie pour m’être levée contre l’oppression »
La police dispose de cinq jours à compter de leur arrestation pour les déférer au parquet en vue d’une éventuelle inculpation.
Dans une interview accordée à l’AFP la veille de son arrestation, Diane Rwigara avait dénoncé le caractère politique selon elle de ses ennuis judiciaires, ajoutant que la police lui avait confisqué ses papiers d’identité, ordinateurs et autres téléphones. « Je suis punie pour m’être levée contre l’oppression et dire ce que je pense », avait-elle déclaré.
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Le rejet de la candidature de Diane Rwigara par la Commission électorale, pour une question de procédure, avait été critiqué par des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits de l’Homme.
Le président Paul Kagame, crédité de l’important développement d’un pays exsangue au sortir du génocide, est régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de museler toute opposition. Il a été réélu le 4 août pour un nouveau mandat de sept ans avec près de 99 % des voix.
Fille d’un riche entrepeneur
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier. Dans les années 1990, il avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.
Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat ». Selon son frère installé aux États-Unis, Aristide Rwigara, le gouvernement tente en s’en prenant à sa famille de mettre la main sur la fortune de son père.
Avec AFP