Les équipages brestois des sous-marins de la force de dissuasion nucléaire (Île Longue) sont aux premières loges face aux vives tensions générées par la Corée du Nord et les États-Unis. Tapis dans l’ombre et le silence du cercle polaire, les SNLE français font également peser leur menace atomique.
Si les marins français ne sont pas sur le devant de la scène, ils suivent de très près l’escalade politico-militaire qui anime depuis plusieurs mois cette partie de l’Asie. La force de dissuasion française maintient un niveau d’alerte jamais égalée depuis les plus vives tensions de la Guerre froide. Les patrouilles s’effectuent dans un niveau de vigilance maximum, sur fond de risque de dérapage militaire de plus en plus prégnant.
Les missiles nucléaires nord-coréens peuvent-ils frapper le sol européen ? Le doute est permis. « Si ce n’est pas encore le cas aujourd’hui, ils pourraient très bien atteindre l’Europe dans les prochaines années », estime Vincent Groizeleau, rédacteur en chef du site Mer et Marine. « La menace nord-coréenne est évidemment à prendre au sérieux. » Cela fait plusieurs années que les sous-marins français de la force de dissuasion font peser la menace du feu nucléaire sur la Corée du Nord. Sans oublier l’Iran, l’autre point noir du nucléaire militaire.
Quelles incidences pour les sous-mariniers français qui assurent la continuité de la dissuasion nucléaire ? Silence radio de l’autorité qui rappelle la permanence de la mission et son haut degré de réactivité, quel que soit le contexte géopolitique. Le sous-marin en patrouille se tient prêt, 24 h sur 24, à pointer ses 16 missiles nucléaires embarqués. Il n’est pas rare qu’à l’heure de la relève, deux sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) français soient en mesure d’assurer simultanément la mission.
La puissance de frappe d’un des quatre SNLE français avoisine 1.000 fois la puissance délivrée sur Hiroshima en 1945. Chacun des seize missiles embarqués peut contenir jusqu’à six têtes nucléaires (parfois une seule) de 150 kilotonnes chacune (15 kilotonnes pour celle d’Hiroshima), c’est dire l’arsenal qui pèse sur les Coréens du Nord si l’on cumule la présence des sous-marins anglais, russes, chinois, français et américains actuellement concentrés vers cette zone de tensions extrêmes.
Il y a d’ailleurs fort à parier que de nombreux sous-marins lanceurs d’engins sont actuellement positionnés autour du cercle polaire, dans la région de la mer Blanche.
Le trafic serait intense dans ces eaux froides du cercle polaire avec, aux côtés des sous-marins lanceurs d’engins, une flopée de sous-marins d’attaque laissant traîner leurs oreilles d’or. Stress supplémentaire pour les équipages qui progressent à l’aveugle dans ces profondeurs stratégiques fréquentées…
De cet endroit qui présente l’intérêt de rendre plus difficile la détection en eaux froides, aucune cible située dans l’Hémisphère nord ne peut échapper aux missiles de très longue portée.
Pour la France, le dernier modèle de missile (M51) peut atteindre une cible jusqu’à 9.000 km de distance, en propulsant six têtes nucléaires permettant d’atteindre six endroits différents. La portée de ces missiles de sixième génération a augmenté par rapport aux 6.000 km de la version précédente et aux 4.500 du M4. La portée a été doublée en un peu plus de vingt ans. Un chemin qu’emprunte aujourd’hui la Corée du Nord.
Africa24.info