Barack Obama a replongé le 19 octobre dans le bouillonnement des réunions de campagne électorale. Lors de meetings de soutien à des candidats démocrates, il a dénoncé l’évolution récente de la politique américaine sans mentionner son successeur, Donald Trump.
Discret depuis qu’il a quitté la Maison Blanche, le 44e président des États-Unis a montré qu’il avait gardé tout son pouvoir de séduction chez les militants démocrates, qui ont de nouveau scandé « Yes we can » (« Oui, nous le pouvons »), le slogan qui avait en 2008 propulsé jusqu’à la victoire le jeune sénateur démocrate de Chicago.
Ils ont été plus de 6 000 à faire longuement la queue à Richmond, dans l’État de Virginie, pour voir Barack Obama, désormais âgé de 56 ans, venir soutenir le candidat démocrate local au poste de gouverneur, Ralph Northam.
Longuement ovationné, en costume mais sans cravate, l’ex-président a appelé les électeurs de Virginie à aller voter pour « envoyer un message résonnant dans tout ce beau pays et dans le monde ». « Si pour remporter une campagne on doit diviser la population, alors on ne sera pas capable de la gouverner », a-t-il lancé, dans un sous-entendu voilé à l’attention de Donald Trump.
« Notre valeur est au plus haut non pas quand nous rabaissons les gens mais quand nous essayons d’élever tout le monde ensemble », a-t-il également déclaré.
L’ancien président démocrate a fait référence aux récents événements tragiques qui ont agité Charlottesville, ville de Virginie théâtre d’une violente manifestation de militants d’extrême droite rassemblés autour d’un monument confédéré.
« Les gens ont 50 ans de retard »
Il a révélé être un lointain descendant par alliance de Jefferson Davis, le président des États confédérés pendant la guerre de Sécession. « Il doit se retourner dans sa tombe », a ironisé Barack Obama, qui a évoqué un autre homme célèbre en Virginie : Thomas Jefferson (1743-1826). Le troisième président des États-Unis a eu beau avoir des esclaves, a-t-il rappelé, il a lutté pour la tolérance et l’égalité des hommes.
Plus tôt, Barack Obama avait participé à une autre réunion de campagne dans le New Jersey, à côté de New-York, pour soutenir le démocrate briguant le poste de gouverneur, Philip Murphy. « La politique actuelle… on croyait en avoir fini il y a longtemps… Les gens ont 50 ans de retard ! On est au 21e siècle, pas au 19e…», a-t-il ironisé.
Les deux scrutins se dérouleront le 7 novembre, un an après le coup de tonnerre mondial qu’a représenté la victoire de Donald Trump à la présidentielle du 8 novembre 2016. L’élection en Virginie s’annonce serrée, celle dans le New Jersey semblant promise aux démocrates.
Mais l’importance de ces rendez-vous tient surtout à leur rareté : les Américains sont peu consultés avant les échéances électorales de mi-mandat, en 2018. Depuis qu’il a quitté ses fonctions le 20 janvier, le premier président noir des États-Unis s’était tenu à l’écart du débat politique, fidèle à une tradition de réserve observée par ses prédécesseurs.
Les quelques fois où il a estimé devoir briser ce silence, il l’a fait sur des sujets d’importance nationale, comme l’immigration, la couverture santé ou la lutte pour le climat, un bilan méthodiquement démoli par Donald Trump.
Jeune Afrique