Alors que la Catalogne a proclamé son indépendance et que Madrid reprend la main sur les institutions, les défenseurs d’une Espagne unie font entendre leur voix ce dimanche à Barcelone. Des milliers de manifestants clament haut et fort leur volonté de rester dans le giron espagnol. Malgré la destitution de l’exécutif catalan décidé par Madrid, le vice-président de la Catalogne, Oriol Junqueras destitué affirme que le dirigeant Carles Puigdemont « est et restera le président » de la Catalogne.
Avec notre envoyée spéciale à Barcelone, Leticia Farine
Le Patio de Gràcia, l’une des plus grandes avenues de Barcelone où se déroule la mobilisation, est rempli d’une foule compacte. Le rouge et le jaune, les couleurs du drapeau de Catalogne et celui de l’Espagne, sont partout. On les retrouve sur les tee-shirts, sur les pancartes, sur les épaules des manifestants ou encore flottant au vent. Le drapeau européen est également de la partie.
Les manifestants, qui pour beaucoup sont venus en famille ou entre amis, patientent dans une ambiance pacifique et bon enfant, alors que les hélicoptères survolent la zone. Ils attendent en chantant haut et fort « Puigdemont démission », « Puigdemont en prison », mais également « Vive l’Espagne », « Vive la Catalogne », « Vive la police nationale, la guardia civil », ou encore « Vive le roi ». Sur des affiches, on peut également lire le slogan de la mobilisation : « La Catalogne, c’est nous tous ! »
Les organisateurs parlent d’1,1 million de personnes, la police de 300 000.
Les manifestants piétinent sur place au niveau de Gran Via, une autre avenue principale, en attendant les prises de paroles publiques des membres de l’association Société civile catalane, qui a convoqué la manifestation et qui est composée de sympathisants de droite, de gauche et d’indépendantistes qui prônent un modèle fédéral catalan au sein de l’Espagne et de l’Europe. L’association a appelé à défendre l’unité de l’Espagne et à rejeter l’attaque sans précédent pour l’histoire de la démocratie que représente la déclaration d’indépendance.
Les trois partis qui prônent le maintien de la région au sein de l’Espagne sont en tête du cortège qui est déjà arrivé au bout du Patio de Gracia. On y retrouve le leader du parti populaire catalan qui a déjà présenté sa candidature aux élections du 21 décembre, Xavier Garcia Albiol ; à ses côtés, le président de Ciudadanos Albert Rivera, sa représentante en Catalogne, ainsi que le premier secrétaire du Parti socialiste catalan (PSO), Miquel Iceta. Un seul membre du gouvernement est présent. Il s’agit de la ministre de la Santé, Dolors Montserrat.
Entreprises et syndicats ont également été appelés à se mobiliser en faveur d’un retour au bon sens et d’un nouveau chemin vers la réconciliation. Du côté des indépendantistes pour l’instant, seul un point de presse du petit parti d’extrême gauche, Candidature d’unité populaire (CUP), est prévu aujourd’hui en fin d’après-midi au nord de Barcelone.
Le 8 octobre, une précédente manifestation pro-unité avait réuni plus de 350 000 personnes selon la police, et 900 000 selon les organisateurs
La manifestation se déroule alors que Madrid cherche au plus vite à reprendre en main la Catalogne, dont la déclaration d’indépendance n’a obtenu aucune reconnaissance internationale et où les drapeaux de l’Espagne restent visibles sur les bâtiments de l’Etat.
Officiellement, la région est désormais dirigée directement par la numéro 2 du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, tout le gouvernement catalan, et jusqu’à 150 hauts responsables de l’administration selon la presse, ayant été destitués.
Une des premières décisions de Madrid a ainsi été de remplacer l’emblématique chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero, jugé trop proche des indépendantistes.
Rfi