Le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa a été élu lundi à la tête du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, à la place du très contesté président Jacob Zuma, à deux ans d’élections cruciales pour l’avenir du parti et du pays.
Après un scrutin quelque peu chaotique révélateur du duel très serré qui se jouait, Cyril Ramaphosa a devancé de 179 voix à peine son unique rivale, l’ancienne patronne de l’Union africaine (UA) et ex-épouse de Jacob Zuma, Nkosazana Dlamini-Zuma. « Nous proclamons le camarade Cyril Ramaphosa nouveau président du Congrès national africain », a déclaré à la tribune de la conférence du parti réuni à Johannesburg une responsable de la commisison chargée du scrutin.
Annoncée au terme de plusieurs heures de dépouillement, la victoire de Cyril Ramaphosa a été accueillie par un tonnerre d’acclamations de ses partisans et les sifflets de ceux de son adversaire, témoins des fractures qui divisent le parti. Chez les délégués, l’unité était le mot d’ordre jusqu’à présent. Mais à l’annonce des résultats les deux camps étaient clairement visibles, se levant, chantant, dansant dès que leur candidat était mentionné.
Ramaphosa, futur président sud-africain ?
Fort de ce succès, Ramaphosa pourrait devenir en 2019 le nouveau président du pays à la fin du mandat de Jacob Zuma, en cas de victoire de l’ANC aux élections générales.
Avec ce résultat, c’est la tendance des précédents congrès qui se perpétue, avec un vice-président qui devient président. Mais le camp de Dlamini-Zuma est aussi représenté dans le top six de la nouvelle ANC. Le nouveau vice-président, autrement dit le nouveau numéro 2 est David Mabuza, qui faisait justement partie de la liste de Nkosazana Dlamini-Zuma.
Faible marge de manoeuvre
Difficile dans ces conditions d’imposer les réformes promises au sein de l’ANC. Et surtout de s’attaquer à la corruption. Lors de sa campagne, Ramaphosa s’est présenté comme un réformateur, poussant des mesures libérales afin de relancer l’économie. Il a promis de faire le ménage et de poursuivre les responsables de corruption et d’abus au sein du parti au pouvoir.
Mais avec des pro-Zuma à ses côtés – trois nouveaux dirigeants sont des alliés proches du président sud-africain – déterminés à protéger le chef de l’Etat et son entourage, son champ d’action risque d’être limité. A voir maintenant comment va fonctionner cette cohabitation à la tête du parti. Son élection est un peu un cadeau empoisonné. Les délégués de l’ANC lui ont donné un mandat, tout en lui attachant les mains dans le dos.
Rfi