Au cours d’une communication faite ce mardi 2 janvier à Kinshasa, le cardinal congolais Laurent Monsengwo a dénoncé et a réagi aux violences qui ont marqué la mobilisation des fidèles catholiques le 31 décembre 2017. Il a également souligné les conséquences de l’utilisation de la force pour justifier le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.
« La grandeur de l’homme se situe non dans les astuces politiques pour la conquête du pouvoir, mais dans la mesure où cette sagesse politique est mise au service du peuple ». C’est ce que déclarait déjà dans son homélie le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya à l’occasion de la fête de Noël 2017.
L’archevêque de Kinshasa en remet une couche en dénonçant « des deals, l’accaparement des richesses et le maintien au pouvoir par des méthodes anticonstitutionnelles ». « L’instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer des intérêts occultes, (…) peut provoquer et provoque des dommages aux sociétés, en l’occurrence la nôtre », a encore déclaré Laurent Monsengwo Pasinya.
Le cardinal a eu également des mots durs à l’endroit des forces de sécurité qu’il qualifie de « prétendus hommes en uniforme » qui ont, d’après son récit, tiré à balles réelles et à bout portant sur des manifestants. Laurent Monsengwo Pasinya souhaite par conséquent un renouvellement de la classe dirigeante. « Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent », a-t-il lancé.
Dans ce climat politique tendu, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a également appelé les uns et les autres à la retenue.
La police se défend
Malgré les critiques nationales et internationales, le porte-parole de la police assure que les « tentatives de manifestations » ont été encadrées « avec rigueur et professionnalisme » et que sur les 5 morts recensés, aucun n’a été tué en lien direct avec ces manifestations. Parmi ces 5 personnes, selon la police il y aurait 2 brigands, un membre de la milice Kamuina Nsapu mortellement blessé dans l’attaque d’un poste de police à Masina, commune de Kinshasa, un terroriste et un agent de police.
« J’ai bien dit que nous avons enregistré 5 morts en dehors des circonstances liées à la manifestation projetée par le Comité laïc de coordination. C’était vraiment en dehors des opérations de sécurisation. Nous avons fait un appel à témoin. Et ceux qui ont des éléments complémentaires par rapport à ce que nous venons de donner maintenant, qu’ils viennent les déposer au niveau des enquêteurs pour que nous continuions à investiguer. Ce n’est pas un problème », affirme le colonel Pierrot Mwanamputu.
Concernant les arrestations en marge de ces manifestations, il ajoute que la police a « appréhendé 77 fauteurs de trouble à Kinshasa » relâchés « après interrogatoire ». « Au niveau de Kamuina, dans la province du Haut-Lomami, il y a eu 11 fauteurs de trouble, tous membres de l’UDPS. Mais aujourd’hui, j’ai la confirmation que les 11 ont été tous relâchés. Parmi les 11, il y en a 4 qui ont été blessés », poursuit le colonel Pierrot Mwanamputu, qui évalue par ailleurs que sur les 49 diocèses du pays, seule une dizaine de paroisses de la capitale Kinshasa ont tenté de manifester.
Rfi