Sénégal : un des survivants de la tuerie en Casamance témoigne – Base Cote Media

Sénégal : un des survivants de la tuerie en Casamance témoigne

Le président sénégalais, Macky Sall a décrété deux jours de deuil à partir de ce lundi à la mémoire des 13 jeunes tués samedi dans une forêt protégée de Casamance. Une délégation ministérielle s’est rendue à Ziguinchor au lendemain du drame. Ces jeunes qui coupaient du bois dans la forêt de Bofa Bayotte ont été tués par des hommes armés.

Boubacar Sidibé est l’un des rares rescapés de la tuerie de samedi. Il a échappé aux tueurs, car il était sorti de la forêt et attendait ses compagnons pour déjeuner : « Il était environ 14 heures (locales) ce samedi. J’attendais les autres collègues pour la prière avant le repas. C’est à ce moment précis que j’ai entendu des rafales d’armes automatiques. Je me suis dit, nous sommes cuits… Quelques minutes après, mon ami Ibrahima Dafé est sorti du bois en courant. Il était couvert de sang. Il me disait « aide-moi, sinon je vais mourir ». J’ai remarqué qu’il avait reçu une balle dans le dos et ne pouvait pas tenir sur ses jambes. Je l’ai porté dans mon dos jusqu’à la route reliant Ziguinchor à la frontière de Guinée-Bissau. Là, j’ai pu le mettre dans un véhicule en partance pour Ziguinchor »..

Il retourne ensuite dans la forêt et se rend compte de l’ampleur du drame : « Je suis ensuite revenu dans la forêt pour voir les autres. Arrivé à l’intersection des routes de Babonda, Toubacouta et Badem, c’était l’horreur. J’ai vu les corps allongés. Certains étaient déjà morts et d’autres respiraient encore. J’ai fait le décompte : 11 morts sur le coup, 4 blessés graves et 5 survivants. J’ai songé d’abord aux survivants, gravement blessés. Mais je ne savais que faire, chacun voulant être secouru le premier ».

En plus de l’horreur due à la perte de ses compagnons, Boubacar Sidibé doit faire face à la peur de voir les coupables revenir : « En partant, les bourreaux ont mis le feu à la brousse. Certains blessés ont retiré leurs habits, car ils étaient en train de brûler. J’ai aidé un vieil homme qui avait tellement peur de brûler. J’ai évacué les survivants un à un. Puis j’ai couru, j’ai couru, pour chercher de l’aide. J’ai récupéré des charrettes pour les évacuer. Des villageois m’ont aidé à les transporter. Mais j’entendais encore les voix des assaillants. Je savais qu’ils n’étaient pas loin. Ils ont pris aux victimes tout ce qu’ils pouvaient, même leurs vélos. C’est la quatorzième fois que je tombe dans une telle mésaventure. A chaque fois, les rebelles nous frappent et nous dépouillent de tous nos biens, avant de nous laisser partir. Et en général, ils agissent à visage découvert. Mais cette fois-ci, ceux qui ont tué nos collègues portaient des cagoules. Je n’ai pas pu les reconnaître. Et j’ignore d’où ils venaient ».

On ne sait pas, pour l’heure qui sont les auteurs de ce crime. Mais les forêts de Casamance sont le théâtre de trafic de bois avec ses propres règlements de compte.

Rfi