« Je demande aux uns et aux autres de se calmer, qu’ils n’aient pas peur des résultats », a déclaré Amadou Salif Kébé. Des propos qui font écho aux accusations de fraudes lancées par des responsables de l’opposition et du pouvoir.
À Kindia, où la bataille a été particulièrement rude entre le maire sortant d’opposition et le candidat du parti présidentiel, des affrontements ont fait un mort et plusieurs blessés lundi, a-t-on appris de source sécuritaire et auprès de témoins.
« Piétinée lors d’une bousculade »
Le drame s’est produit lorsque les forces de l’ordre ont tenté d’éloigner les militants de l’opposition, qui entouraient un centre de comptages des votes. « Une personne non encore identifiée est décédée, piétinée lors d’une bousculade lors des affrontements entre les deux camps », a déclaré le porte-parole de la gendarmerie, le colonel Mamadou Alpha Barry.
« Il n’y a pas d’élection sans contestations, il n’y a pas d’élection sans faute, mais nous avons travaillé des mois et des mois pour que ces cas de fautes ou d’erreurs soient minimisés », a-assuré le président de la Ceni. Une fois les bulletins comptabilisés par les commissions administratives de centralisation des votes (CACV), lundi soir ou mardi, puis passés les délais de recours, la Ceni espère proclamer les résultats « au plus tard vendredi », a indiqué M. Kébé.
La question du vote par procuration
D’après des responsables de l’opposition, le scrutin a été entaché par des irrégularités et des problèmes d’organisation, notamment en matière de délivrance des cartes électorales et de procurations. Certains chefs de quartier auraient profité de la baisse d’affluence en fin de journée pour distribuer à des partisans du pouvoir les dizaines de procurations qu’ils détenaient.
« Nous sommes en train de compiler les votes, nous saurons s’il y a eu profusion de votes par procuration »
La Ceni n’était pas en mesure de confirmer si le vote par procuration avait été inhabituellement élevé lors du scrutin, mais a reconnu que la loi pouvait favoriser ce phénomène, en permettant « à plusieurs autorités de délivrer les procurations ».
« Nous sommes en train de compiler les votes, nous saurons s’il y a eu profusion de votes par procuration, nous nous plaignons du taux de participation qui nous semble être un peu faible ».
Un scrutin très attendu
Les mandats des exécutifs municipaux étant arrivés à échéance, ils ont été remplacés par le président Alpha Condé, élu en décembre 2010. Depuis, le gouvernement invoquait des questions financières pour justifier le report de ce scrutin, l’opposition l’accusant de vouloir concentrer tous les pouvoirs.
A la suite d’un accord entre le pouvoir et l’opposition et de la présidentielle de 2015, ces exécutifs ont été renouvelés, au prorata des voix obtenues par chaque parti aux derniers scrutins nationaux. Les précédents scrutins en Guinée, les présidentielles de 2010 et 2015, et les législatives de 2013, ont été émaillés de violences et d’accusations de fraude.
Jeune Afrique