Au moins 50 personnes ont été interpellées dans le centre de la Guinée où des violences post-électorales ont fait cinq morts, ont indiqué jeudi les autorités locales.
« Après les violences de Kalinko, les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation d’au moins 50 personnes qui ont été toutes transférées à la prison civile de Faranah, la capitale régionale », a expliqué le préfet Mamadou Lamarana Diallo sur une radio locale.
Ces interpellations interviennent après les violences post-électorales qui ont coûté la vie à cinq personnes dans la localité de Kalinko mardi. Depuis les municipales le dimanche 4 février, la Guinée fait face à de nombreux heurts violents en attendant les résultats définitifs. Mercredi, le ministre de l’Administration du territoire, Boureima Condé, avait qualifié cet incendie de volontaire et indiqué que cinq enfants avaient péri dans les flammes.
Un député local de l’opposition, Fodé Maréga, a quant à lui évoqué un bilan de trois enfants tués dans l’incendie de leur case et de deux adultes « brûlés vifs par des manifestants en colère » en guise de représailles.
Selon d’autres sources, les deux adultes, un homme et une femme, n’avaient pas participé à la manifestation au cours de laquelle les enfants ont péri. Mais ils appartenaient à la même communauté que ceux accusés d’avoir mis le feu aux habitations.
« Il faut maudire ces élections communales qui nous endeuillent », a estimé un habitant du village.
Les violences postélectorales ont également coûté la vie à un étudiant de 23 ans à Conakry et une personne à Kindia dans l’ouest du pays.
Premiers résultats en fin de semaine
Selon l’opposition, ces élections locales ont été entachées de fraudes massives.Mardi, le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a appelé la jeunesse à la « mobilisation » et à se « lever pour exiger la vérité des urnes ».
La Commission électorale nationale indépendante (Céni), seule habilitée à proclamer les résultats, a promis de les publier d’ici à la fin de la semaine, au moins partiellement.
« Nous faisons une comptabilisation physique, nous n’avons pas de technologie pour nous faire parvenir les résultats comme dans les autres pays », a expliqué jeudi le président de la Céni, Salif Kébé.
« Lorsque ça vient de N’zérékoré (la troisième ville du pays, en Guinée forestière, dans le sud-est du pays, NDLR), il y a 1.000 km, il faut que le gars attende que le dernier procès verbal soit rentré, il commence la centralisation, il finit la centralisation, il prend la route pour venir jusqu’à Conakry », a-t-il poursuivi.
Mais il a aussi évoqué des « atteintes à l’intégrité physique des uns et des autres » pour expliquer que les commissions administratives de centralisation des votes (CACV) « ne fonctionnent pas normalement ».
« Certains ont été menacés sur le plan physique, à d’autres encore, on a interdit l’accès des salles », a-t-il détaillé.
À l’issue d’une visite de deux jours, le représentant de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas, a invité jeudi « à la sérénité » les différents acteurs et à « éviter tout acte de violence afin de permettre à la Céni de poursuivre son travail », selon un communiqué du gouvernement guinéen.
Regrettant « profondément » les pertes en vies humaines, il a exhorté les responsables des partis politiques et leurs sympathisants à « résoudre tout différend d’une manière pacifique et à travers les lois légales », selon le communiqué.
Appelant au « respect de la loi », le ministre de la Justice, Cheick Sako, a estimé qu’il fallait « absolument un climat de paix, de tolérance et de sérénité en cette période postélectorale pour le bonheur des populations ».
Jeune Afrique