Des milliers de personnes en larmes ont suivi lundi à Conakry la procession funéraire de quatre personnes tuées la semaine dernière lors de manifestations de l’opposition.
Le cortège est parti lundi de la morgue de l’hôpital Ignace Deen, dans le centre de Conakry, avant de parcourir 14 km pour arriver à la mosquée de Bambéto, en banlieue. Les participants portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Trop de morts, l’État dort encore » ou « Alpha (Condé), à 80 ans, tu massacres des jeunes de 20 ans, ça suffit ».
Une douzaine de morts
Trois hommes d’une vingtaine d’années avaient été tués au cours d’une manifestation le 14 mars à Conakry et une femme, Mariama Bah, a succombé à ses blessures, portant à quatre le nombre de morts pour cette journée. La fille de la défunte, Dalanda Bah, a eu un malaise dans la cour de la morgue de l’hôpital, où l’équipe médicale a dû intervenir pour la ranimer.
Plusieurs manifestations se sont succédé dans la capitale guinéenne pour contester les résultats des élections locales du 4 février – officiellement remportées par le parti du président Alpha Condé – et en exiger la révision. Celles-ci se sont soldées par une douzaine de morts.
« Mettre un terme à l’impunité »
« Nous voici aujourd’hui encore dans ce cimetière de Bambéto où nous venons raccompagner à leur dernière demeure nos martyrs qui sont au nombre de 94 », a déclaré le chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo, en faisant référence au bilan établi par l’opposition de ses partisans tués dans des manifestations depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé en 2010.
Il a appelé à « mettre un terme à l’impunité » pour faire cesser ces violences.
Une controverse oppose le principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dirigée par Cellou Dalein Diallo, aux autorités sur la responsabilité de ces violences.
Le témoignage de « Boubacar Diallo, alias ‘Grenade’ »
Dans une déclaration la semaine dernière, le parquet de Conakry avait cité le témoignage d’un jeune militant de l’opposition identifié comme « Boubacar Diallo, alias ‘Grenade’ », arrêté en février, selon lequel les forces de l’ordre ne seraient pas les seules à recourir aux armes à feu.
Il « reconnaît qu’au cours des manifestations certains individus disposent de projectiles et d’armes à feu » et « tirent dans la foule, faisant ainsi des victimes aussi bien parmi les manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre ».
Le principal parti d’opposition a réagi en dénonçant dans un communiqué une « diversion » pour « incriminer sournoisement l’UFDG et ses cadres dans l’assassinat de leurs propres militants ».
Reconnaissant que l’intéressé « est militant du parti », elle rappelle n’avoir « cessé d’interpeller et d’exiger des autorités guinéennes toute la lumière » sur les tués dans les manifestations, sans jamais obtenir « d’enquêtes sérieuses ».
Jeune Afrique