En Egypte, les premiers résultats de l’élection présidentielle, qui vient de s’écouler sur trois jours, devraient être connus ce 29 mars. L’élection est sans suspense, puisque le président sortant Abdel Fattah al-Sissi est assuré de la victoire, son seul adversaire n’ayant concouru que pour la forme. Faute de réelle opposition, la participation était donc le seul enjeu du scrutin. Dans les médias, l’espace public, les Egyptiens étaient donc appelés à aller voter, et parfois même très fortement incités à se rendre aux urnes.
A la sortie d’un bureau de vote, ce fonctionnaire égyptien au doigt taché d’encre violette, marque obligatoire pour éviter les fraudes, raconte comment au départ, il ne voulait pas du tout aller voter. Mais au sein du ministère de l’Education, ses collègues et lui ont reçu des pressions pour participer au scrutin : « Ils m’ont appelé ce matin de l’école, raconte-t-il. Ils m’ont dit qu’il y avait au bureau de vote une liste d’employés du ministère de l’Education. Ils m’ont dit que je devais signer cette liste et qu’elle remonterait dans la hiérarchie, que ceux qui ne la signeraient pas auraient des ennuis comme des promotions bloquées, qu’ils seraient dans le collimateur. Pour ceux qui y vont, il n’y a pas de problème, donc je devais y aller ».
Menace contre les abstentionnistes
Des témoignages similaires ont été recueillis pendant les trois jours de vote, y compris dans des entreprises privées. Puis la menace d’une amende de 500 livres (22 euros environ) a été brandie par l’Autorité nationale des élections qui a rappelé que cette disposition existait dans la loi égyptienne pour sanctionner – en théorie – les abstentionnistes.
En 2014, 37% des électeurs avaient voté le jour de la présidentielle. Un second jour de vote avait été ajouté au dernier moment pour parvenir à 47,5 % de votants. La participation de l’élection de 2018 est donc encore attendue. La réélection de Abdel Fattah al-Sissi, elle, ne fait aucun doute.
rfi