Depuis 2017, la Guinée, tout comme certains pays d’Afrique, est confrontée au problème de ravage des cultures, par Spodopterafrugiperda, la Chenille Légionnaire d’Automne (CLA), originaire d’Amérique. Sa présence constitue, pour les producteurs agricoles, surtout ceux qui font le maïs, un risque élevé de perte de production, qui vient s’ajouter à ceux déjà existants.
Ce nuisible qui a déjà causé beaucoup de dégâts dans les champs des petits producteurs inquiète les autorités et les partenaires. La première alerte est partie de la ville de Mamou. Après la première prospection effectuée par la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et le service de la protection des végétaux, il s’est avéré que toutes les 4 régions naturelles du pays sont envahies par cette chenille. M’Mah Sylla rencontrée dans son champs de maïs vers la localité de Kellessi à 15 km du chef-lieu de la préfecture de Kindia témoigne : «Mon champs est affecté par les chenilles, les maïs n’ont même pas grandis et ils sont déjà attaqués, cela veut dire que je n’aurai rien ici. », s’est-elle lamentée.
Amadou Camara chef section protection des végétaux de la préfecture de Forécariah confirme la gravité de cette chenille : « ces chenilles ont causé d’énormes dégâts en Guinée particulièrement à Forécariah.
Ici en dehors du maïs, les chenilles ont attaqué les champs de piments et des hectares ont été dévastés à Takabé. J’ai effectué une mission avec la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) pour constater les dégâts»
Face à cette menace qui pèse sur la production des céréales en général et le maïs en particulier, la FAO à travers le projet d’ « appui à la gestion durable de la chenille légionnaire d’automne (CLA) en Guinée » a pris une série de mesures parmi lesquelles la mise en place d’un système de surveillance de proximité et d’alerte précoce dont le succès ne saurait se faire sans la formation et la sensibilisation des cadres du service national de protection des végétaux et des denrées stockées (SNPV-DS) et de l´Agence Nationale pour la Promotion et le conseil Agricole (ANPROCA) et des producteurs sur la gestion intégrée et durable de la CLA, afin qu’ils puissent avoir les éléments leur permettant de mieux gérer les risques.
Mohamed Samkoumba Fadiga assistant au programme d’appui à la gestion intégrée contre la chenille légionnaire d’automne indique qu’un guide a été déjà élaboré par la FAO sur la gestion de cette crise sur le continent africain : « la FAO a élaboré un guide sur la gestion de la chenille que nous mettons à la disposition des cadres à travers des séries de formations. Il ne s’agit pas de donner un contenu, il s’agit d’apporter des pistes de solution qui seront adaptées aux conditions réelles de la Guinée par les spécialistes nationaux. Cette appropriation devrait se faire de manière progressive.»
Pour lutter contre ce nuisible, Koikoi Kalivogui chef de section chargé de l’inventaire et surveillance des nuisibles des cultures au service national de la protection des végétaux préconise la sensibilisation car selon lui aucun produit phytosanitaire n’a pu contrôler ces nuisibles, il faut la lutte intégrée : « pour le moment nous menons des sensibilisons à travers des séries de formations aux cours desquelles nous expliquons aux cadres comment reconnaitre ces chenilles. Nous leur recommandons de ne pas utiliser trop les produits chimiques parce que c’est dangereux pour la santé et l’environnement. Il faut aussi la mise en place des champs écoles. A Forécariah par exemple, une expérience de lutte a bien donné. Il s’agit d’associer plusieurs cultures c’est-à-dire le maïs et d’autres cultures et cela a donné de bons résultats. »
En attendant des produits efficaces pour lutter contre ces chenilles, les petits producteurs de maïs prennent leur mal en patience.
Alain Toupou