Argentine : La légalisation de l’avortement rejetée par le Sénat – Base Cote Media

Argentine : La légalisation de l’avortement rejetée par le Sénat

Les sénateurs argentins ont rejeté jeudi la légalisation de l’avortement, mettant un terme aux espoirs des organisations féministes, alors que le projet de loi avait été approuvé par les députés en juin.

Comme cela était attendu, le Sénat argentin a voté jeudi 9 août contre le texte légalisant le droit à l’avortement. Trente-huit sénateurs ont dit « non » au texte prévoyant l’autorisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pendant les 14 premières semaines de grossesse, 31 ont voté en faveur et deux se sont abstenus, selon les résultats officiels.

Dans un pays où l’Église exerce une influence historique, renforcée par la présence d’un pape argentin à Rome, une majorité de sénateurs avaient fait connaître leur intention de voter contre le texte. L’IVG n’y est autorisée qu’en cas de viol ou de mise en danger de la vie de la mère, et surtout, elle doit être validée par un juge. En 2015, seules 500 IVG légales ont été pratiquées.

Ce rejet a été accueilli par des feux d’artifice et des cris de joie parmi les militants anti-IVG rassemblés à Buenos Aires devant le Parlement, où se déroulaient les débats. À l’autre extrémité de la place du Congrès, les mines étaient dépitées, les larmes coulaient sur les visages des partisans de la légalisation de l’avortement.

Le texte avait été adopté de justesse par les députés le 14 juin (129 voix pour, 125 contre). Le Sénat est plus conservateur, car chacune des 24 provinces dispose de trois représentants quel que soit son poids démographique. La capitale et la province de Buenos Aires, plus favorables à l’IVG, y sont sous-représentées alors qu’elles abritent plus du tiers de la population du pays

Un vote suivi de près dans toute l’Amérique latine

Cette bataille autour du droit à l’avortement était scrutée de près en Amérique latine. Actuellement, seuls l’Uruguay, Cuba, le Guyana et la ville de Mexico autorisent l’avortement sur le sous-continent. Au Brésil, la Cour suprême a débuté le 3 août une série d’audiences publiques sur le sujet, l’accès à l’IVG étant actuellement très limité. Le débat, qui se poursuit cette semaine, réunit des spécialistes de la santé, des représentants d’ONG et des leaders religieux.

Au Chili, en août 2017, après deux ans de discussions, le Parlement a approuvé un texte dépénalisant partiellement l’avortement, le rendant possible en cas de viol, de danger pour la mère ou de non-viabilité du fœtus. Mais, lorsque Sebastian Piñera (centre-droit) est revenu à la présidence en mars 2018, après quatre ans d’intermède socialiste, il a immédiatement autorisé les cliniques privées à faire jouer une clause de conscience, ce qui a limité considérablement les possibilités de recourir à une IVG.

Avec AFP et Reuters