Les trois journalistes russes tués en Centrafrique, où ils enquêtaient sur la présence de mercenaires russes, sont tombés dans une embuscade les visant, affirme l’organisation avec laquelle ils collaboraient.
Dans la nuit du 30 au 31 juillet, le reporter de guerre Orkhan Djemal, le documentariste Alexandre Rastorgouïev et le caméraman Kirill Radtchenko sont tués par des hommes armés dans le nord de la Centrafrique. Ils enquêtaient sur de possibles activités de la société militaire russe privée Wagner, qui s’est surtout fait connaître en Syrie.
Depuis le début de l’année 2018, la présence de combattants russes en Centrafrique est un sujet très discuté. Moscou a envoyé des instructeurs militaires à Bangui en même que des livraisons d’armes fin 2017 et des ressortissants russes assurent la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra. Le pays est devenu le terrain d’une lutte d’influence diplomatique et sécuritaire.
Les premières conclusions de l’enquête menée par cette MBK Media, organisation de Mikhaïl Khodorkovski, homme d’affaires et ancien prisonnier, avec laquelle collaboraient les trois journalistes, et publiées sur son site semblent contredire les résultats annoncés par Moscou, selon lesquels les journalistes ont été victimes de voleurs.
Les journalistes attendus
« La version d’un simple vol comme principal motif des criminels est contredite par de nombreuses circonstances », selon les conclusions du groupe d’enquêteurs mis en place par MBK Media qui ont interrogé des sources en Centrafrique. « Les criminels attendaient (…) précisément la voiture transportant Djemal, Rastorgouïev et Radtchenko », selon des informations recueillies par les enquêteurs sur le check-point que les journalistes avaient traversé avant d’être tués. Selon MBK, ses conclusions « n’excluent pas l’implication de mercenaires russes. »
« Un groupe d’une dizaine de personnes a attendu la voiture des journalistes pendant plusieurs heures » alors même qu’ils ont changé d’itinéraire au dernier moment, se dirigeant vers le nord, indique MBK, précisant ne pas savoir si les victimes étaient au courant de ce changement. Une source de l’organisation a évoqué « la possible participation à l’exécution des journalistes de gens travaillant pour le gouvernement centrafricain. » Les enquêteurs de l’organisation ont par ailleurs constaté qu’une voiture transportant « trois personnes blanches armées, ressemblant à des mercenaires, et deux Centrafricains » est passée par le même check-point que les journalistes peu avant eux et elle repassée dans l’autre sens une heure plus tard.
Dans un entretien à la chaîne américaine CNN, Khodorkovski a rejeté l’hypothèse d’un vol : « Certaines personnes que nous connaissons en Russie ont été approchées par des gens en lien avec les mercenaires russes, qui leur ont dit que les journalistes avaient été prévenus de ne pas y aller », a expliqué l’ex-oligarque en exil.
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