Depuis le 30 juillet dernier, les habitants de Kaporo-rail, secteur 3 communément appelé Kipé 2 dans la commune de Ratoma à Conakry, ont reçu une lettre de la part d’un huissier de justice leur demandant de quitter les lieux, qu’ils occupent depuis belle lurette d’ici le 30 septembre prochain.
A préciser que ce déguerpissement concerne 251 bâtiments, 895 chambres-annexes, 328 salons et 333 toilettes publiques avec une population de plus de 4 mille personnes.
Cette décision gouvernementale sonne mal dans les oreilles des pauvres citoyens qui se trouvent aujourd’hui entre le désespoir et la peur.
A travers une interview accordée à un reporter de Bcmedia.org ce jeudi, 20 septembre à Conakry, ces occupants demandent au Gouvernement de renoncer à sa décision, car ils n’ont aucun moyen pour qu’ils puissent se trouver un autre endroit.
El Hadji Ousmane BALDE, l’un des habitants de ladite localité, a expliqué comment ils ont été informés de leur déguerpissement. « Depuis le 30 juillet dernier, nous avons reçu une lettre venant d’un huissier nous demandant de quitter le lieu au plus tard le 30 septembre. Nous nous sommes aperçu que l’ordre de mission qui lui a été délivré par monsieur, le secrétaire général du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, dit expressément que la mission qui consiste à faire le bornage des lieux concernés et à faire l’expertise et l’évaluation des battis avant quoi que se soit. Mais à notre grande surprise, la lettre qui accompagne de celle de monsieur l’huissier, nous demandait de déguerpir au plus tard le 30 septembre 2018. Ce qui est de façon flagrante et contradictoire. Ensuite, de quoi nous nous sommes rendu compte que les lots en cause d’après la lettre, ne correspondent pas aux lotissements figurants dans les documents que nous possédons. Je rappelle que beaucoup d’entre nous sont soit des coutumiers ou des gens qui ont été recasés ici, et qui possèdent leur plan de masse, qui possèdent leur autorisation d’occuper, leur autorisation de construire et leur certification de propriété qui tenait lieu de titre foncier à l’époque de l’ancien régime, et en partie, sous le régime de Lansana Conté. Je rappelle que c’est Moussa DIAKITE qui était à l’époque le ministre de l’habitat, c’est sous son égide que la décision a été prise de recaser dans cette zone, des gens qui ont été déguerpis de l’actuelle cité des médecins. Nous avons ici l’éclairage public, nous avons aussi des bornes fontaines, nous avons ici encore des forages mis par l’Etat, et nous avons des conduites d’eaux. Est-ce qu’à votre avis, on peut investir dans une zone réservée ces genres d’infrastructures», déplore le porte-parole des habitants de Kaporo-rail, ancien quartier de Kipé.
Surpris de cette décision gouvernementale, El hadji Ousmane Baldé demande au gouvernement de revenir ou renoncer à sa décision. « Nous demandons au Gouvernement de prendre ses dispositions, pour faire respecter la loi, pour faire respecter le droit des citoyens que nous sommes. Pour nous, c’est une décision d’abord de l’huissier, parce que c’est lui qui a fait cette lettre qui en freine nos droits », a conclut El Hadji.
Mohamed Lamine KABA