Le viol est devenu à présent un phénomène qui ne cesse de prendre une proportion inquiétante sur l’ensemble du territoire guinéen, cela s’illustre éloquemment par les statistiques qui révèlent davantage l’ampleur de ce fléau qui devrait de toute urgence interpeller toutes les couches sociales .Selon l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM) qui est l’ancrage institutionnel de la lutte contre les violences du genre, relevant du département des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance : << Plus de 300 cas de violences sexuelles ont été enregistrés de janvier à septembre 2019, soit sensiblement (3) trois filles violées par jour courant cette période, et 90% des victimes ont largement moins de 18 ans. Dans bien des cas, les mises en cause ont généralement des liens de parenté avec les victimes >>.
Dans le nouveau code pénal guinéen, plus spécifiquement l’article 268 stipule que : << Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol. Le viol est puni de la réclusion criminelle à temps de 5 à 10 ans. Le viol est puni de la réclusion criminelle de 10 à 20 ans lorsqu’il aura entrainé une mutilation ou une infirmité permanente; lorsqu’il est commis sur mineur de moins de 18 ans…>>
En dépit de cette disposition juridique dissuasive, les statistiques du viol en Guinée affichent une recrudescence exponentielle car de nombreux facteurs seraient à l’origine de cette situation alarmante notamment le laxisme du système judiciaire. Témoigne sous le voile d’anonymat un citoyen.
<<Malgré qu’il y ait une loi qui incrimine fermement le viol mais il est monnaie courante en Guinée car l’appareil judiciaire manque de rigueur là-dessus. Il y’a pas mal de temps que ma fille âgée de seulement 12 ans a été violemment abusée par un type d’une quarantaine d’années. Du coup, j’ai exigé et fait en sorte que l’affaire se retrouve devant les juridictions malgré d’innombrables embûches car la famille du mis en cause s’est frontalement dressée pour le faire soustraire aux mailles de la justice. >>
<<Le procès traine et y tarde à se finaliser >>. A-t-il renchéri avec une voix impérative.
Le même sentiment d’amertume et de désenchantement se lit visiblement dans les propos de Kerfalla Kaba, agent de police : << Il y’a plus de trois mois que ma nièce âgée de 9 ans a été abusée par un monsieur d’une quarantaine d’année à Coyah. J’ignore où on en est car la justice tarde à s’en imprégner. >>
Mettant l’occasion à profit, Soriba Yansané, Sociologue, a de prime à bord, expliqué les facteurs qui seraient à l’origine de cet état de fait, notamment : le manque de rigueur de la justice, qui devrait en principe, être le fer de lance ou l’élément le plus dynamique pour pouvoir dissuader d’aucuns, à commettre des dérives. Le désistement des familles des victimes pour des raisons de stigmates et de rejets d’un côté, et l’acceptation des familles de régler à l’amiable de l’autre, empêchant systématiquement que les mis en causes soient punis à la hauteur de leur forfaiture…
Monsieur Yansané finira en invitant toutes les composantes de la société notamment l’État, par l’entremise du Ministère de la justice, à envisager urgemment des mesures palliatives et drastiques : << Nous sommes au bord du gouffre car la violence sexuelle sur mineur en Guinée est à un rythme infernal. C’est vraiment un problème d’urgence nationales qui nécessite impérativement une mobilisation générale à tous les niveaux, plus particulièrement l’État qui doit prendre des dispositions drastiques pour pouvoir freiner ce phénomène>>
Alors, la question que l’opinion populaire ne s’empêche de se poser légitimement sur cette fameuse situation est : Serait-ce une pandémie ou une saison de viols ?
Ousmane Camara