Le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaïd Salah, 79 ans, est décédé ce lundi 23 décembre à Alger, a annoncé ce matin la radio d’État.
La disparition du patron de l’armée intervient quatre jours après l’investiture de Abdelmadjid Tebboune, comme nouveau président de la République.
Selon un communiqué de la présidence, Ahmed Gaïd Salah a fait une crise cardiaque à 6 heures du matin à son domicile avant d’être transporté à l’hôpital militaire de Ain Naadja, sur les hauteurs d’Alger.
Le général-major Saïd Chengriha, commandant des forces terrestres, a été nommé chef d’état-major par intérim de l’Armée nationale populaire (ANP) en remplacement du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, annonce la télévision d’État. Chef de la 3ème région militaire depuis août 2004, le général-major Saïd Chengriha a été promu commandant des forces terrestres en août 2018 dans le cadre d’une vaste opération de réorganisation du commandement militaire décidée par Ahmed Gaïd Salah.
Le président Abdelmadjid Tebboune, qui a pris cette décision, a également décrété trois jours de deuil national, selon la même source.
Véritable homme fort du pays après la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril dernier, Ahmed Gaïd Salah a pesé de tout son poids pour la tenue de l’élection présidentielle contestée par une bonne partie des Algériens.
Cassant et impitoyable
Depuis son arrivée à l’état-major en 2004, Ahmed Gaïd Salah aura été d’une fidélité à toutes épreuves pour l’ancien président Bouteflika. Après l’AVC dont ce dernier a été victime en avril 2013, il a joué de son influence pour lui permettre de briguer un quatrième mandat en 2014 en dépit de sa santé chancelante. Toujours fidèle à l’ex-chef de l’État, Gaïd Salah s’est prononcé en faveur d’un cinquième mandat avant de changer de braquet un mois après le début de la révolution de rue du 22 février 2019.
Celui qui a juré allégeance à Bouteflika s’est alors transformé en adversaire en poussant le patient de Zeralda vers la porte de sortie en exigeant dès le 26 mars l’application de l’article 120 de la Constitution qui stipule la démission ou la destitution du président de la République pour des raisons de santé.
Homme de caractère, dur, cassant, impitoyable, Gaïd Salah ne souffrait pas la contradiction. Ses amis, comme ses détracteurs, décrivent un personnage capable de colères homériques. Il était l’artisan de la promulgation en 2016 d’une loi obligeant les officiers à la retraite à un devoir de réserve sous peine de poursuites judiciaires.
Lutte contre la corruption
Depuis la démission forcée de l’ex-président, Ahmed Gaïd Salah a engagé une guerre impitoyable contre les hommes de l’ancien clan présidentiel au motif de faits de la corruption et d’abus de pouvoir. Il a fait de lutte contre la corruption une de ses priorités en martelant semaine après semaine sa détermination à en finir avec ce qui est appelé communément la Issaba (bande mafieuse).
L’omniprésence de Gaïd sur la scène politique ainsi que ses sorties intempestives ont fait de lui la cible de contestation de la rue qui réclamaient son départ.
Chef de l’état-major depuis 2004
Ancien maquisard, Gaïd Salah a dirigé l’état-major de l’armée depuis l’été 2004 au lendemain de la démission du général-major Mohamed Lamari.
Né en 1940 à Aïn Yagout, en pays chaoui, il rejoint le maquis en janvier 1957. À l’indépendance, il suit une formation en artillerie à l’Académie militaire de Vystrel, près de Moscou. Dans sa promotion, le futur général de corps d’armée Ben Ali Ben Ali, qui dirige la garde républicaine depuis 2015.
En 1994, au plus fort de la guerre civile, il est nommé commandant des forces terrestres, engagées dans la lutte antiterroriste. Une promotion qu’il doit à deux généraux, avec qui il se brouillera par la suite : Mohamed Lamari, alors chef d’état-major de l’armée, et Khaled Nezzar, l’ex-ministre de la Défense.
Jeune Afrique