Les Mutilations Génitales Féminines (MGF) que d’autres appellent¨ Excision¨, constituent un phénomène très répandu en république de Guinée ou les conséquences sont parfois méconnues du grand public. Pour en savoir sur la pratique, notre rédaction s’est entretenue avec M. Souleymane Camara point focal MGF en service à la direction nationale du genre et de l’équité (Ministère de l’action sociale promotion féminine et enfance). La rédaction de l’AGP rappelle que l’excision et les MGF sont interdits dans le projet de Nouvelle Constitution qui sera soumis à referendum le 1er mars 2020.
C’est quoi les MGF ?
Souleymane Camara : Les MGF ce sont les mutilations génitales féminines ; avant c’était l’appellation de pratiques traditionnelles néfastes à la santé, au bien-être de la femme et communément appelé ‘’Excision’’, l’ablation du clitoris. Le clitoris c’est l’organe le plus sensible chez la femme.
Quelle est la situation globale des MGF en République de Guinée ?
Souleymane Camara : C’est une pratique que notre pays, la Guinée connait profondément, parce qu’elle s’est enracinée dans nos valeurs, dans nos traditions et nous avons aujourd’hui, selon la dernière enquête de santé, une prévalence nationale de 95% des femmes de 15 à 49 ans qui ont été excisées.
A côté, il y a la tranche d’âge la plus exposée : les jeunes filles de 0 à 14ans ; à ce niveau selon la même enquête démographique de santé de 2018, la prévalence est de 39% comparativement à l’enquête mixte de 2016, il y a une baisse de 6 points parce que l’enquête mixte 2016 révélait une prévalence pratiquement de 97%.
Quels sont les obstacles au jour d’aujourd’hui pour mettre fin à cette pratique ?
Souleymane Camara : D’abord la pratique, elle est musulmane : il faut faire la démarcation entre la religion et République de Guinée ?
Souleymane Camara : C’est une pratique que notre pays, la Guinée connait profondément, parce qu’elle s’est enracinée dans nos valeurs, dans nos traditions et nous avons aujourd’hui, selon la dernière enquête de santé, une prévalence nationale de 95% des femmes de 15 à 49 ans qui ont été excisées.
A côté, il y a la tranche d’âge la plus exposée : les jeunes filles de 0 à 14ans ; à ce niveau selon la même enquête démographique de santé de 2018, la prévalence est de 39% comparativement à l’enquête mixte de 2016, il y a une baisse de 6 points parce que l’enquête mixte 2016 révélait une prévalence pratiquement de 97%.
Quels sont les obstacles au jour d’aujourd’hui pour mettre fin à cette pratique ?
Souleymane Camara : D’abord la pratique, elle est musulmane : il faut faire la démarcation entre la religion et la pratique de l’excision, c’est pour cela on s’est inspiré de l’expérience mauritanienne. Nous aussi, on a eu à adopter il y a 4 ans une ‘’fatwa’’, un des goulots d’étranglement c’est l’adhésion des religieux pour promouvoir l’abandon des mutilations génitales féminines.
Il y a aussi la médicalisation de la pratique qui constitue un des obstacles pour l’abandon des MGF. Pour se faire, nous avons mis à contribution les autorités sanitaires et la création d’un comité de veille au sein des structures sanitaires avec la coordination du ministère de la santé pour édifier le personnel de santé afin de les dissuader sur cette pratique.
Quelle est la place de la tradition dans ce phénomène ?
Souleymane Camara : Evidemment c’est un phénomène traditionnel, généralement de l’avis des parents, la pratique est traditionnelle, l’excision nous a vu naitre, nos arrières parents ; pourquoi pas nous ? Mais c’est une pratique traditionnelle néfaste à la santé de la jeune fille.
Quelles sont les conséquences des MGF sur la santé sexuelle des jeunes filles ?
Souleymane Camara : Les conséquences sont nombreuses, mais il y a celles immédiates et lointaines. Les conséquences immédiates sont celles liées aux saignements chez la jeune fille qui peuvent entrainer la mort, comme tout récemment à Kankan une petite fille de moins de 10 ans est décédée des suites de l’excision.
Il y a aussi des maladies comme les fistules obstétricales qui entrainent des complications chez la femme.
Les perspectives sont –elles bonnes pour enfin éradiquer cette pratique ?
Souleymane Camara : Les perspectives sont bonnes parce qu’on a révisé le plan stratégique avec l’ensemble des partenaires ; à l’issu des évaluations du premier plan stratégique, on s’est dit qu’il faut désormais cibler les filles de 0 à 14 ans ; au même moment il y a eu l’élaboration du plan stratégique des religieux. Dans les 5 prochaines années, focus sera mis sur les filles de 0 à 14 ans avec des axes bien déterminés surtout en ce qui concerne la législation tout ce qui est renforcement de la loi et de son application, bref tout un arsenal juridique.
Des activités de communication, information au niveau communautaire et national en collaboration avec les ONG et un axe basé sur la prise en charge des personnes victimes de mutilation et le dernier axe qui prendra en compte toutes les informations liées à cette pratique à travers la mise en place d’une base de données.
Tala Diallo