Une coalition de 15 organisations de la société civile guinéenne a, dans une déclaration lue au cours d’un point de presse animé ce mercredi 18 novembre, préconisé 12 propositions pour aplanir les différends politiques parmi lesquelles figure en tête d’affiche la dissolution de l’assemblée nationale récemment constituée à l’issu du double scrutin du 22 mars dernier.
Lire ci-dessous ladite Déclaration :
Les récents développements de la situation socio-politique de notre pays depuis octobre 2019 en passant par l’organisation du Referendum constitutionnel contesté du 22 Mars dernier et l’auto-proclamation du candidat de l’UFDG suite à l’élection Présidentielle du 18 Octobre 2020, affectent dangereusement notre vivre ensemble et décrédibilisent nos institutions pourtant légalement établies.
Si nous ne prenons garde, il y a un risque sérieux de plonger notre pays dans une situation de chaos et de désordre. Cette situation est alimentée par une tension politique et sociale ayant sa source dans un communautarisme entretenu à desseins par une certaine élite politique sans conscience de tous les risques d’implosion sociale.
La situation actuelle de la Guinée est celle d’un pays divisé, en perte de repères républicains mettant en exergue une crise politique et institutionnelle de longue durée. L’absence de solutions efficaces à la crise rend l’État impuissant, menaçant son autorité et même son existence.
Prenant donc la mesure de la situation qui prévaut dans le pays et consciente de sa mission sociale de veille, d’alerte, d’interpellation et d’actions, la Société Civile Guinéenne dans sa diversité à tenue une réunion extraordinaire ce lundi 16 Novembre 2020 au Siège du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CNOSCG), relative à la crise postélectorale qui secoue le pays depuis le 19 octobre 2020.
Durant 4h d’échanges et de débats, l’Assemblée a passé au peigne fin, la situation socio-politique nationale assortie des constats et propositions de sortie de crise.
A ce stade de l’analyse de la situation, nous organisations de la Société Civile guinéenne, constatons avec une réelle préoccupation :
– Des arrestations arbitraires des leaders d’opposition et même des innocents, en flagrante violation des procédures judiciaires ;
– L’immobilisme de la justice face aux agents des forces de l’ordre et de la sécurité suspectés pendant les violences postélectorales ;
– L’intolérance, la fragilisation du tissu social et de l’unité nationale ;
– La communautarisation des conflits et des attaques ciblées contre des familles ;
-Le comportement éhonté et déloyal de certains agents des forces de l’ordre et de sécurité pendant les perquisitions : arrestations arbitraires dans les quartiers et rançonnements des personnes arrêtées ;
– La détention illégale d’armes à feu (artisanale et de guerre), d’armes blanches par des civiles ; des civiles qui se livrent à des actes de violence contre des éléments des forces de l’ordre (lapidation, lynchages publics…) ;
– La radicalisation et l’escalade dans les discours publics ;
– L’abattage illégal des bétails dans la commune rurale de Koumban et la communautarisation qui a été faite de celui-ci par certains médias ;
– La destruction des biens publics et privés (les rails, le train, les poteaux électriques, les routes bitumées) ;
– La démission des parents dans l’encadrement des enfants ;
– L’escalade verbale sur les réseaux sociaux ;
– Le rétrécissement de l’espace de liberté des partis d’opposition et de la société civile ;
Il ressort des constats les analyses suivantes :
Notre système démocratique est né avec une malformation congénitale (ethnocentrisme et le communautarisme et souffre encore :
– Du laxisme et l’instrumentalisation de la justice ;
– La banalisation de la violence et sa justification par une victimisation politico-ethnique ;
– Le manque de consensus politique et social sur les institutions nationales mais surtout sur l’agenda politique national.
Au regard des constats relevés, nous organisations de la Société Civile Guinéenne, formulons avec force les douze propositions suivantes à l’endroit du Président de la République et du Gouvernement pour une sortie rapide de crise :
- La mise en place d’une commission nationale d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les violences politiques de 2010 à nos jours : juger les auteurs, commanditaires, complices et surtout indemniser les victimes ;
- L’arrêt immédiat des exactions, arrestations, acharnements contre les responsables et militants des partis politiques d’opposition ainsi que les activistes de la société civile ;
- L’ouverture urgente d’un dialogue sincère et inclusif entre toutes les forces politiques et sociales du pays ;
- Le respect des procédures judiciaires ;
- La dissolution de l’assemblée national.