L’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB), a organisé lundi, 18 octobre 2021, à Conakry, une cérémonie de recueillement dans l’enceinte du Camp Boiro, à l’occasion de la date commémorative du 18 octobre 1971, date à laquelle plus de 70 guinéens ont trouvé la mort.
A cette occasion, le Secrétaire Exécutif de l’AVCB Abdoulaye Conté, a adressé un message au président de la République, Colonel Mamady Doumbouya, tout en rappelant que depuis l’avènement du Comité National du Rassemblement et pour le Développement (CNRD) le 05 septembre 2021, le président a montré un intérêt particulier au respect des droits humains en général, et au respect de la mémoire de toutes les victimes des violences d’État subies en Guinée de 1958 à 2020 en particulier.
Selon M. Conté, l’AVCB, créée en 1985, et regroupant les guinéens de tous horizons politiques, et de toutes ethnies, salue ce changement et s’engage à accompagner le président dans la mesure de son objet social qui vise principalement à obtenir la réhabilitation et la justice pour les victimes des différentes républiques.
« Nous remercions Dieu qui seul a permis votre avènement à la tête de la Guinée. Vos premières décisions en faveur des Droits humains sont salutaires. Et ainsi, le plus grand acte symbolique à poser pour apaiser des milliers de familles victimes des crimes d’État était de se recueillir au camp Boiro. En effet, de 1958 à 1985, des milliers de guinéens périrent dans les camps de Guinée, et le camp BOIRO fut le transit mouroir, de diète noire et de tortures à mort pour toutes ces victimes. Ce fut un cauchemar pour tout un pays embrigadé et soumis au règne de la délation. Ainsi, le camp BOIRO et cette politique généralisée de violences ont enfanté les crimes de 1985, les crimes de 2006 et 2007, les crimes de 2009 et les crimes pendant les 11 ans de Alpha CONDÉ. Tous les crimes trouvent leur origine dans les pratiques de torture, d’avilissement de la personne humaine pratiqués pendant 26 ans au camp BOIRO. Il y a même des fosses communes à l’intérieur, dans la partie carcérale », rappelle-t-il.
Poursuivant le Secrétaire Exécutif de l’AVCB, a mentionné que c’est la première fois, qu’un président de la République daigne s’intéresser aux victimes des violences d’État en Guinée. De ce fait, le président de la République Colonel Mamadi Doumbouya, va rentrer dans l’histoire de la Guinée comme un grand Président.
« Vous posez aujourd’hui un acte inestimable allant véritablement dans le sens de la refondation. Et nous, enfants de toutes les victimes vous soutenons dans cette quête de justice. Nous vous encourageons à poursuivre et faire aboutir les conclusions de la commission de réflexion sur la Réconciliation Nationale mise en place en 2015, présidée par Mgr Vincent Koulibaly et El hadj saliou Camara et qui est le résultat de 5000 enquêtes de terrain, 730 entrevues personnelles, 104 focus groups, 56 rencontres communautaires. Ce rapport reflète ce que les guinéens entendent par réconciliation nationale. Ce rapport devait être transmis à l’assemblée nationale pour légiférer. Il pourrait être transmis au futur organe CNT », explique-t-il.
Pour clore. M. Conté, a laissé entendre que depuis 1985 l’AVCB se bat pour la réconciliation des guinéens et ses revendications entièrement reprises par le rapport, se résument ainsi par la réhabilitation des victimes des différents camps de torture ; ce qui signifie notamment, mais non exclusivement, l’annulation solennelle des « jugements de condamnation » à l’encontre des personnes concernées, et le rétablissement de la vérité sur les conditions d’obtention des aveux, et d’exécution des détenus.
« La sécurisation (clôture) des charniers où sont ensevelis nos parents, ainsi que la construction de sépultures dignes, permettant aux familles de s’y recueillir. La restitution par un acte officiel à l’AVCB de la partie carcérale du Camp Boiro que le général Lansana Conté nous avait déjà restituée en 1993, mais dont l’accès nous a été interdit depuis 2020. La déclassification des archives officielles de l’Etat concernant les camps de torture. La restitution des biens saisis par le régime de Sékou Touré, et non encore restitués aux victimes aux termes de l’arrêté de restitution édicté par le CMRN », conclut-il.
A Keïta