On croyait les juntes passées de mode, les voilà de retour. Dans trois pays aux trajectoires à première vue similaires, la prise du pouvoir par les militaires souligne l’impuissance de la communauté internationale.
Ils sont trois militaires au verbe rare, en battle dress, bérets rouges ou verts des unités d’élite, lunettes fumées, rangers couleur sable, à avoir fait irruption sur l’avant-scène entre avril et septembre 2021. Tous trois sont nés au début des années 1980 et se sont formés sur le terrain plutôt que dans de prestigieuses écoles militaires étrangères, chacun ayant une expérience du combat. Un général et deux colonels, qui ont en commun d’être parvenus au pouvoir par des voies extra-démocratiques et de s’être proclamés présidents de transitions à durées pour l’instant indéterminées. Trois ovnis politiques, dont nul ne peut prédire le destin en cette année 2022.
Aux yeux de la communauté internationale, le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, est sans doute le plus acceptable. Même si son accession à la tête de l’État n’a pas suivi le cursus constitutionnel, on ne saurait lui reprocher d’avoir renversé son prédécesseur – lequel était son propre père, tué sur le front. Quant au processus de dialogue et de réconciliation interne, mantra obligé de toutes les transitions, il est incontestablement plus avancé à N’Djamena qu’à Bamako ou à Conakry.