Serrer la vis, interdire les manifestations et prévoir une transition longue, mais sans s’aliéner l’ensemble de la classe politique guinéenne ni la communauté internationale… Pour le chef de la junte, la voie est étroite. Le moindre faux pas pourrait lui coûter cher.
C’est suffisamment inhabituel pour être remarqué. Ce 24 mai, le Conseil des ministres ne s’est pas tenu à Conakry ni même, comme cela pouvait être le cas sous la présidence d’Alpha Condé, dans une ville proche de la capitale. C’est à Nzérékoré, principale ville de Guinée forestière (Sud-Est), à près de 900 km de Conakry, que le gouvernement de Mamadi Doumbouya s’est réuni. En tout, les ministres passeront un mois entier hors de la capitale. Une « immersion sociale et administrative », selon les mots de Rose Pola Pricemou, chargée de l’Information, visant à « faire comprendre la vision du CNRD [Comité national de rassemblement pour le développement] aux populations ».
Une « punition », corrige un observateur à Conakry. « Doumbouya n’était pas content. Il trouve que l’action du gouvernement n’avance pas assez vite, reprend-il. Il a réagi en militaire : ça ne va pas, on fait nos paquetages et on va faire un tour. » La course contre la montre engagée par le colonel vient en effet de prendre un nouveau tournant : le 11 mai dernier, le Conseil national de transition (CNT) entérinait la durée de la transition, alors que son président, Dansa Kourouma, promettait « un retour à l’ordre constitutionnel irréversible et perpétuel ». Trente-six mois, soit trois de moins que les 39 initialement envisagés par Doumbouya, mais bien plus que ce que la Cedeao est décidée à accepter.
jeune afrique