Une semaine après la série de séismes meurtriers qui a frappé la Syrie et la Turquie, l’émotion est mondiale. C’est le cas tout particulièrement en Tunisie. Les Tunisiens se sentent proches des Turcs et des Syriens qu’ils connaissent à travers des feuilletons, des amis ou encore des voyages sur place. Face aux images de dévastation, ils ont donc tenu à exprimer leur solidarité.
Malgré la crise économique qui sévit dans le pays, l’État tunisien a envoyé des équipes de secouristes sur place et plusieurs initiatives ont essaimé pour venir en aide aux rescapés du séisme. Le Croissant-Rouge tunisien, notamment, a lancé une grande collecte nationale pour les sinistrés.
C’est une adresse bien connue des coquettes de Tunis: Akoya, un salon de beauté, fait le plein en cette fin de semaine, pour le plus grand bonheur de Cyrine Cherif, la propriétaire.
« Ça, ce sont des pulls en laine, des écharpes, des doudounes… », nous dit-elle. L’espace de quelques jours, Cyrine Cherif a transformé son centre, en point de collecte pour les sinistrés du tremblement de terre.
« Le soir où j’ai appris la nouvelle, j’étais chez moi, sous la couverture. Il y avait le chauffage et avec ça, j’avais super froid. J’ai eu cette vision des enfants… J’ai imaginé ce que les gens devaient ressentir et dès le lendemain matin, j’ai contacté le Croissant-Rouge et je me suis dit : j’aide autant que je peux », nous raconte-t-elle.
Dans quelques jours, les dons de ses clientes seront acheminés sur place par le Croissant-Rouge tunisien.
Une autre Cyrine, venue pour une « french manucure », en a profité pour déposer des vêtements: « Ce qui m’a émue, c’est la Syrie. Ils ont déjà tellement enduré avec la guerre et les problèmes qu’ils ont ! Pour la Turquie, il y a beaucoup de Turcs qui habitent en Tunisie et il y a beaucoup de Tunisiens qui adorent la Turquie et qui y vont souvent. Il faut les aider, il faut être là pour eux parce que c’est vraiment une tragédie ce qui est arrivé. »
Les initiatives se multiplient pour venir en aide aux populations sinistrées. En plus des différents points de collecte, un service de dons via SMS vient d’être lancé par les autorités tunisiennes.
« Il faut aider de suite »
Et un grand concert symphonique a eu lieu hier soir à Tunis. C’est un événement qui était prévu de longue date mais les organisateurs ont tenu à ce que l’intégralité des bénéfices soient reversés aux opérations de secours sur place.
Pas de trac ce soir mais beaucoup d’émotions chez Fadi Ben Othman : « Ce concert sera très spécial pour tous les musiciens. Et peut-être spécialement pour moi parce que je suis moitié syrien. Ma mère est syrienne. J’étais en Syrie il y a quatre mois. J’ai dirigé l’orchestre syrien
donc ça me fait mal au cœur ce qui se passe en Syrie et en Turquie. »
Fadi Ben Othman est le chef d’orchestre de l’académie de l’orchestre symphonique tunisien. Sous son impulsion, la totalité des bénéfices va être reversée aux sinistrés : « Si ça nous arrive, j’aimerais bien que les autres pays pensent à nous aussi donc voilà, il faut le faire. Il ne faut pas hésiter, il ne faut même pas y penser. Il faut aider de suite. Dès que j’ai vu les images, les vidéos, ça donne la chair de poule vraiment. On ne peut même pas ressentir ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent. C’est une autre dimension. Aider c’est la moindre des choses. »
Grand sourire aux lèvres et violon en main, Amine Jarraya acquiesce. « Ce soir, on va être sur scène, on va jouer de la musique, tout en pensant – de mon côté hein – combien d’argent on va pouvoir récolter pour aider. Moi, personnellement, c’est à cela que je vais penser. »
Bien que touchée par une crise économique intense, la Tunisie a vu se multiplier, ces jours-ci, les opérations de soutien aux populations turques et syriennes.
Rfi