Le Sénégal se prépare mercredi à de nouvelles manifestations tendues avant le procès de l’opposant Ousmane Sonko. Les partisans de l’ancien député et maire de Ziguinchor accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour empêcher leur champion de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Journées sous haute tension en perspective au Sénégal où des manifestations à risques doivent avoir lieu mercredi 29 mars et jeudi 30 à Dakar malgré leur interdiction par les autorités, avant le procès jeudi d’un de ses chefs, Ousmane Sonko.
La coalition Yewwi Askan Wi (YAW, Libérons le peuple en langue ouolof) a appelé les Sénégalais à se joindre à une marche pacifique mercredi après-midi à Dakar, veille du procès programmé de l’opposant Ousmane Sonko, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour « diffamation, injures et faux ».
Ousmane Sonko et ses supporteurs accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2024. Le parti présidentiel accuse Ousmane Sonko de vouloir paralyser le pays et de se servir de la rue pour échapper à la justice.
Depuis plusieurs mois, le président Macky Sall laisse planer le doute sur une candidature à un troisième mandat, contestée par l’opposition. Interrogée sur l’antenne de France 24, l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, assure que la Constitution « est très claire » sur ce point et que le chef de l’État ne peut pas se présenter à la prochaine élection présidentielle.
« Actes subversifs »
Le préfet de Dakar a interdit les manifestations de mercredi et jeudi dans la capitale en invoquant des « menaces réelles de troubles à l’ordre public ».
En prévision d’éventuels troubles, l’Université de Dakar et les écoles sénégalaises ont avancé le début des vacances de Pâques à mardi, au lieu respectivement du 1er avril et du 31 mars.
La justice a par ailleurs annoncé mardi avoir arrêté des membres d’un groupe qui visait, selon eux, à « semer le chaos et l’insurrection » dans le pays pour empêcher le procès jeudi à Dakar de Ousmane Sonko.
Des investigations ont établi des « faits mettant en jeu la stabilité du pays. L’intention (de ce groupe) était de mener des actes subversifs et de porter atteinte à des personnalités publiques dans la justice, l’appareil d’État, dans les milieux religieux et la presse », a affirmé le procureur général de la République Ibrahima Bakhoum, lors d’une rencontre avec la presse.
Elles ont permis de découvrir « la confection » par ce groupe « de produits explosifs, de fumigènes, de cocktails Molotov et de herses » et un déplacement de ses membres pour se procurer des armes dans un marché sous-régional proche de la Guinée, a dit Ibrahima Bakhoum.
Quatre personnes ont été interpellées pour « association de malfaiteurs, actes et manœuvres de nature à troubler l’ordre public, incendie criminel » et 19 sont recherchées, selon le procureur général.
Un des individus arrêtés « se réclame du MFDC (la rébellion indépendantiste en Casamance) et serait l’organisateur de toutes les manifestations violentes de Pastef (le parti d’Ousmane Sonko) à Bignona », un fief d’Ousmane Sonko dans le sud où un jeune a été tué le 20 mars lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre.
Cet individu se « présente comme le responsable des affaires mystiques de Sonko », a précisé le procureur.
Au moins une autre personne avait été tuée dans des heurts à Dakar le 16 mars, jour du début du procès d’Ousmane Sonko qui avait été renvoyé à jeudi.
Le gouvernement avait en juin 2022 annoncé l’arrestation à Dakar de rebelles de Casamance lors d’une manifestation de l’opposition, ce qui avait été réfuté par Ousmane Sonko.
Avec AFP