Le roi Charles III et sa femme, Camilla, sont arrivés au Kenya, lundi 30 octobre, au soir. C’est la première visite du souverain britannique dans un pays du Commonwealth, depuis son couronnement. Ils y resteront jusqu’à vendredi, entre Nairobi, la capitale, et Mombasa, ville portuaire sur la côte est, une visite sur invitation du président William Ruto alors que le pays s’apprête à célébrer ses 60 ans d’indépendance en décembre.
Le Kenya revêt une importance particulière pour la Couronne britannique, car c’est là-bas que la reine Elizabeth a débuté son règne, en février 1952. Cependant, durant cette visite, le roi Charles ne pourra guère laisser de place au romantisme, car de nombreux Kényans attendent surtout une prise de position ferme sur le passé colonial britannique.
Sur le programme du roi au Kenya, Charles III doit rencontrer, ce mardi matin, le président William Ruto. Durant ses deux jours dans la capitale, il y aura des temps de recueillement, notamment au mémorial du jardin Uhuru, construit après l’Indépendance, ou encore au cimetière de Kariokor où reposent des soldats tués lors de la Seconde Guerre mondiale.
La deuxième journée sera consacrée en partie à la question environnementale, avant un départ pour Mombasa où le roi visitera notamment la base de la marine britannique de Mtongwe.
Une visite et des dossiers sensibles
Comme toutes les visites dans une ancienne colonie, cette visite est sensible pour la couronne. L’ambassade britannique tente de donner des allures de fête à ce déplacement. Elle a fait peindre des matatus – ces minibus de transport en commun – aux couleurs britanniques et kényanes. On peut y voir le couple royal, des Masaï et l’Union Jack au milieu des girafes et des éléphants. Mais les Kényans s’intéressent peu à ce folklore. Ce qu’ils veulent, ce sont des déclarations fortes, des excuses au sujet du passé colonial.
Buckingham Palace a annoncé que le roi évoquerait les « aspects douloureux » du passé britannique au Kenya.
Nombreux, en effet, sont les dossiers sensibles et malgré les efforts des autorités kényanes pour interdire manifestations et points presse, plusieurs communautés ont fait part de leurs réclamations envers la Couronne.
Il y a les Masaï dont les terres ont été confisquées, au début du XXᵉ siècle, les Mau Mau, combattants de l’Indépendance et communauté Pokot que le colon britannique considérait comme séditieuse. Il y a enfin les communautés de Nanyuki, à 200 kilomètres de Nairobi, qui subissent, encore aujourd’hui, les conséquences d’un incendie lié à un exercice militaire britannique dans la région.
Attente de réparations
Toutes ces communautés demandent des compensations et c’est là que la situation se complique.
Plus de 10 000 personnes sont mortes lors de la révolte des Mau Mau, un nombre que beaucoup jugent sous-estimé, rapporte notre correspondante à Nairobi, Albane Thirouard. Des dizaines de milliers de Kényans ont également été détenus dans des conditions dégradantes, subissant tortures et viols.
En 2013, Londres a versé près de 20 millions de livres sterling de compensation à un peu plus de 5 000 vétérans Mau Mau et a exprimé des « regrets sincères » pour les atrocités commises, mais pour beaucoup, au Kenya, ce n’est pas suffisant.
Rfi