L’État du Sénégal a rejeté jeudi la caution que l’opposant Ousmane Sonko voulait déposer en vue de concourir à la présidentielle de 2024, estimant qu’il n’est pas « éligible » à cette formalité exigée pour être candidat, car il a été radié des listes électorales plus tôt cette année.
Un nouveau coup dur pour l’opposant sénégalais Ousmane Sonko. L’État a rejeté, jeudi 30 novembre, la caution qu’il avait déposée pour concourir à la présidentielle de 2024, estimant qu’il n’est n’est pas « éligible » à cette formalité exigée pour être candidat, car radié des listes électorales.
Ousmane Sonko, personnage central avec l’État d’un bras de fer de plus de deux ans qui a déclenché plusieurs épisodes de troubles meurtriers, a fait déposer un chèque d’un montant de 30 millions de francs CFA (45 000 euros) à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a dit à l’AFP El Malick Ndiaye, responsable de la communication de l’opposant.
Contactée par l’AFP, la CDC a indiqué avoir ensuite « retourné, par voie d’huissier, le chèque déposé ».
« Après vérification, on s’est rendu compte qu’il (Ousmane Sonko) n’a pas reçu ses fiches de parrainages », une étape essentielle pour être candidat. « Il ne fait donc pas partie des personnages éligibles » au dépôt de la caution, a expliqué à l’AFP Mactar Diop, responsable de la communication de la CDC.
Un responsable du camp d’Ousmane Sonko a confirmé à l’AFP que la CDC n’a pas accepté le chèque.
Ousmane Sonko a été radié des listes électorales à la suite de sa condamnation en juin à deux ans de prison ferme pour débauche de mineure et arguant de cette décision de justice, l’administration refuse de lui délivrer des fiches de parrainages.
Bataille judiciaire
Ousmane Sonko dénonce cette affaire, et d’autres dont il fait l’objet, comme des machinations visant à l’écarter de la présidentielle. Le pouvoir se défend de toute instrumentalisation de la justice.
La radiation d’Ousmane Sonko le rend inéligible si elle est confirmée. Elle donne lieu à une nouvelle bagarre judiciaire menée par ses avocats contre l’État.
Ousmane Sonko a bénéficié en octobre de la décision d’un juge en Casamance (sud) qui ordonnait sa réinscription sur les listes électorales et le remettait donc en course pour la présidentielle. Mais la Cour suprême a cassé cette décision en novembre et dit que l’affaire devait être rejugée, à une date qui n’a pas été précisée.
Les avocats de Ousmane Sonko ont introduit un recours contre l’arrêt de la Cour suprême. Ce recours « va tout remettre en ordre », a dit El Malick Ndiaye.
« Ousmane Sonko est toujours juridiquement électeur et éligible, donc fondé en droit d’être candidat », a dit un avocat de Ousmane Sonko, Me Ciré Clédor Ly, dans un message transmis à l’AFP.
Ousmane Sonko a été écroué fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l’État. Il conteste également ces mises en cause.
Plus de 200 candidatures sont déclarées à la présidentielle. Le président Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, ne se représente pas.
Avec AFP