Depuis le 5 septembre 2021, la Guinée est en période de transition, qui s’achèvera par des élections marquant le retour à l’ordre constitutionnel. L’avènement du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya, a suscité un immense enthousiasme chez la majorité des citoyens. Les autorités de la transition ont exprimé une vision ambitieuse et entrepris de nombreuses réformes dans tous les domaines. Leur lutte intransigeante contre le détournement des fonds publics, la corruption et toutes formes de malversations a déjà produit des résultats probants et continue de le faire.
En parallèle, d’importants chantiers ont été ouverts, modifiant déjà le visage du pays grâce à la construction d’infrastructures telles que des routes, des ponts, des écoles, des centres de santé, et bien d’autres. Cette expérience, enrichissante, renforce la position des observateurs qui ont rapidement saisi l’opportunité que représente une transition, d’autant plus lorsque ses autorités affirment qu’elles ne se présenteront pas aux prochaines élections.
En effet, des réformes d’envergure, menées en profondeur, engendrent des changements d’habitudes, portent atteinte à certains intérêts et suscitent parfois des mécontentements. Tous ces facteurs peuvent réduire la marge de manœuvre d’un président élu sous la bannière d’un parti ou d’une coalition politique, qui doit satisfaire ses partisans, ses alliés politiques et les électeurs qu’il souhaite séduire ou récompenser.
En revanche, les autorités de la transition, qui n’ont logiquement aucun calcul politique à faire ni aucun clientélisme à privilégier, peuvent, mieux que quiconque, promouvoir l’inclusion, le dialogue et la concorde pour nettoyer le terrain, réformer les institutions, assainir le fichier électoral et proposer, par référendum, une constitution bénéficiant de l’adhésion de la grande majorité des Guinéens. En bref, elles peuvent œuvrer de manière à ce que la fin de la transition nous laisse un pays pacifié, uni et débarrassé des maux et des dysfonctionnements.
Surtout, il est crucial d’éviter les erreurs du passé, telles que la précipitation qui a marqué la clôture de la transition en 2010, en ignorant des préalables fondamentaux. Cette situation a, par exemple, donné matière à tous ceux qui ont contesté le caractère légitime de la constitution de l’époque, qui n’a pas été soumise à l’approbation du peuple par le biais d’un référendum.
En conclusion, le pays a tout à gagner en gérant cette période de transition avec précaution et minutie, en évitant toute précipitation inutile comme le souhaitent certains politiciens dont la motivation, bien connue de tous malgré qu’elle ne soit pas avouée, est l’obsession de prendre possession du palais présidentiel, le plus rapidement possible et quel qu’en soit le coût. Quitte à revenir à la situation désastreuse d’avant, et perpétuer un cycle d’instabilité marqué par des coups d’État récurrents.
C’est justement ce cercle vicieux que le président Mamadi Doumbouya et le CNRD entendent rompre, en évitant ainsi à leur pays un éternel recommencement, tout en laissant une empreinte indélébile dans la riche et parfois mouvementée histoire du glorieux peuple de Guinée.
François MARA