C’est à la Une de tous les journaux sénégalais ce vendredi matin… la réintégration de l’opposant Ousmane Sonko sur les listes électorales qui semble ouvrir la voie à sa participation à l’élection présidentielle de février prochain. Toutefois, ce n’est pas si simple… Car l’État sénégalais a décidé de faire appel de cette décision judiciaire rendue hier, qui, comme le rappelle Seneweb a été annoncée « moins de 15 jours avant la clôture des dépôts des dossiers de candidature en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024 ». Et « les prétendants à ce scrutin ont jusqu’au 26 décembre pour déposer leur dossier devant la Cour constitutionnelle ».
Le délai est donc très court, mais les avocats des deux parties ne sont pas d’accord sur la suite à donner à la décision annoncée hier. « Le recours n’est pas suspensif », a déclaré Maître Ciré Clédor Ly, l’un des avocats d’Ousmane Sonko, à sa sortie de l’audience. Et il ajoute : le code électoral est très clair : « Lorsque le juge rend sa décision, cette décision doit être immédiatement exécutée ». Autrement dit, précise Seneweb, « c’est une manière de couper court aux arguments de ceux qui avancent l’hypothèse selon laquelle le maire de Ziguinchor ne peut être réintégré qu’à la prochaine révision des listes électorales ». Il ne pourrait alors participer à l’élection présidentielle de 2024.
De son côté, Le Soleil précise quels sont les arguments de l’État, avancés par ses avocats : « la décision du tribunal n’étant ni définitive, ni exécutoire, Ousmane Sonko reste radié des listes électorales ». Des avocats qui ne baissent pas les bras et ont décidé de se pourvoir en cassation : en conséquence, la décision du tribunal d’instance de Dakar (…) « Ousmane Sonko reste radié desdites listes jusqu’à ce que la cause soit définitivement jugée ».
Un feuilleton judiciaire à rebondissements
Il est même loin « de connaître son épilogue », selon Dakaractu qui pose la question. « Ce pourvoi en cassation venant des avocats de l’État prolonge le suspens malgré l’espoir des militants de Sonko, mais n’ouvre-t-il pas un boulevard vers un court délai qui pourrait conduire à une forclusion ? » autrement dit, l’impossibilité, pour Ousmane Sonko, de faire valoir ses droits devant la justice.
Ce n’est bien sûr par l’avis des partisans d’Ousmane Sonko. Dans Dakar Matin, Ayib Daffé, mandataire de l’opposant, fait savoir qu’il compte se rendre à la DGE, la Direction générale des Élections, le plus tôt possible, pour récupérer les fiches de parrainage. Il ajoute, sur les ondes de RFM : « cette décision nous conforte dans notre position que la radiation du candidat Ousmane Sonko était précipitée, arbitraire, illégale, irrégulière et sans motif. Une radiation politique qui, dit-il, n’était pas fondée sur le droit ».
Une affaire qui intéresse au-delà des frontières du Sénégal. Ainsi, en Côte d’Ivoire, l’Infodrome rappelle tout d’abord qu’Ousmane Sonko est actuellement en prison, mais il ne semble pas douter de ses chances de participer à la prochaine élection présidentielle, avant d’estimer qu’il a eu « gain de cause ».
Enfin, Tribune Sahel parle « d’un revirement judiciaire en faveur d’Ousmane Sonko ». Mais, ajoute le site d’information, « les semaines à venir s’annoncent cruciales, avec un possible appel de l’État en cassation ». Tribune Sahel, très intéressé par la politique sénégalaise, « mêlée d’intrigues judiciaires et d’enjeux démocratiques ». « La saga judiciaire d’Ousmane Sonko continue », nous dit-on, « suscitant des développements captivants pour les citoyens sénégalais et les observateurs internationaux, dans une dynamique propre au paysage politique contemporain. »
Rfi