La préfecture du Pas-de-Calais a annoncé samedi que plusieurs migrants avaient perdu la vie dans la nuit en tentant la traversée de la Manche. 2024 est l’année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des traversées par « small boats », nom donné à ces canots pneumatiques de fortune utilisés par les migrants pour rejoindre les côtes anglaises.
Nouveaux drames migratoires d’une année déjà record pour les décès dans la Manche : plusieurs migrants dont un jeune enfant sont morts samedi 5 octobre lors de tentatives de gagner l’Angleterre sur de petites embarcations.
« Cette nuit, plusieurs personnes migrantes ont de nouveau perdu la vie en essayant de rejoindre la Grande-Bretagne dans le cadre d’une traversée maritime de la Manche », a annoncé la préfecture du Pas-de-Calais.
« Épouvantable drame qui doit tous nous faire prendre conscience de la tragédie qui se joue. Les passeurs ont le sang de ces personnes sur les mains et notre gouvernement intensifiera la lutte contre ces mafias qui s’enrichissent en organisant ces traversées de la mort », a écrit le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur le réseau social X.
Le ministre évoque un enfant « mort piétiné » et un bilan de « plusieurs morts ».
Samedi matin, une embarcation de migrants « surchargée » a demandé assistance au navire remorqueur Abeille Normandie, selon le récit à l’AFP de la préfecture maritime (Premar) de la Manche et de la mer du Nord.
Quatorze personnes qui se trouvaient à bord de ce canot ont été récupérées par le navire, parmi lesquelles une personne « mineure » décédée et une personne blessée, dont on ignore encore si elle est mineure, selon le premier bilan communiqué par la Premar. Cette personne blessée a été hélitreuillée vers l’hôpital de Boulogne.
Selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, la personne trouvée morte est « un très jeune enfant ».
Pour Olivier Barbarin, maire du Portel, commune au large de laquelle le sauvetage s’est déroulé, l’enfant mort est âgé d’environ quatre ans. Les migrants secourus ont débarqué au port de commerce du Portel, a constaté l’élu.
Naufrages en série
La Premar précise qu’il ne s’agit pas d’un naufrage, l’enfant mort ayant été trouvé dans le canot, pas à l’eau.
Après la récupération des 14 personnes, les autres passagers du canot ont poursuivi leur route vers l’Angleterre, selon cette même source.
Depuis janvier, plus de 25 000 migrants sont arrivés sur les côtes britanniques après avoir traversé la Manche à bord d’embarcations de fortune, un chiffre en progression de 4 % selon des chiffres du ministère britannique de l’Intérieur publiés le 23 septembre.
Une série de naufrages a fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des traversées à bord de canots pneumatiques de fortune (appelés « small boats »), en réponse au verrouillage de plus en plus fort des accès au tunnel sous la Manche et au port de Calais.
Avant les événements de samedi, au moins 46 exilés étaient déjà morts en 2024 lors de ces tentatives par la mer, contre 12 en 2023.
Dans la nuit du 14 au 15 septembre, huit migrants ont trouvé la mort dans le naufrage d’une embarcation qui venait de quitter les côtes françaises, transportant environ 60 passagers.
Le 3 septembre, au moins douze autres étaient morts quand leur embarcation s’était disloquée au large du cap Gris-Nez dans le pire naufrage de l’année 2024 à ce jour.
Des embarcations de plus en plus chargées
Des migrants sont également morts écrasés ou piétinés lors de tentatives de traversée cette année, comme Dina Al Shammari, jeune femme koweïtienne de 21 ans, morte le 28 juillet écrasée dans un canot surchargé.
Élu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s’attaquer à l’immigration illégale en augmentant le nombre d’expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.
Selon les autorités britanniques, les embarcations de fortune sont de plus en plus chargées, avec 52 passagers en moyenne contre seulement 13 en 2020.
Entre juin 2023 et juin 2024, 18 % des personnes arrivées par ces bateaux étaient originaires d’Afghanistan, un chiffre en forte baisse, suivi de l’Iran (13 %) et du Vietnam (10 %).
Avec AFP