La rencontre a eu lieu au siège de la GIZ (la coopération allemande) en présence de madame le gouverneur de la région administrative de Kindia. Cette initiative est soutenue par la direction régionale de la santé (DPS). L’objectif principal de ce forum est de créer et maintenir un espace ou cadre périodique de discussion et d’échange d’idées entre les professionnels de la santé et les leaders religieux dans le but d’apporter des solutions au phénomène de mariage précoce dans la région de Kindia. Parmi les problèmes qui affectent dangereusement la santé sexuelle des adolescents et jeunes se trouve le mariage précoce.
De par sa gravité, sa fréquence et surtout ses conséquences sanitaires (fistules, transmissions IST/VIH, les fausses couches, décès maternels, ses effets sur la santé mentale (dépression, stress) juridique (violation de la loi guinéenne en la matière) ; ses conséquences sociales (divorce, déscolarisation) et économique, le mariage précoce constitue un réel problème de santé et un fait de société de grande ampleur dont la nécessité d’en faire un débat s’impose. C’est pourquoi dans le cadre de l’appui aux structures de dialogue entre la communauté et le système de santé, la GIZ à travers son projet sur la santé reproductive et familiale(PSRF) et ses partenaires ont entrepris d’impulser le dialogue entre les leaders religieux et les professionnels de la santé concernant le mariage précoce. Selon EDS MICS une étude réalisée en 2012 sur l’accessibilité des services de santé reproductive, moins de 50% de toutes les naissances sont traitées médicalement, 7/10 nouveaux nés sur dix n’ont reçu aucun soin médical, seulement 6% des femmes de 15-49 en union utilisaient au moment de l’enquête une méthode contraceptive en majorité une méthode moderne 5%, seulement 12 % des gens ont déjà fait un test de dépistage du VIH, 26% des femmes étaient déjà en union en atteignant 15 ans par contre seulement environs 5% des hommes l’étaient en atteignant 18 ans.
Dans son discours d’ouverture, madame le gouverneur Cissé Saranbge Camara a exhorté tous les participants à plus d’engagement : « j’invite les participants à donner le meilleur d’eux même pour qu’au sortir de cette salle, la problématique du mariage précoce soit au centre de nos débats aussi bien dans les familles que dans nos communautés et lieux de cultes. C’est seulement de cette manière que nous pourrons soulager la misère et la vulnérabilité de nos enfants, toute chose qui s’inscrit en droite ligne de la vision du gouvernement du professeur Alpha Condé.»
Pour Ariane Maercker Responsable de la composante « Augmentation de la demande des services sanitaires» du projet de la GIZ Santé de la Reproduction et de la Famille, ce forum ne vise pas à harmoniser les opinions mais plutôt à créer un cadre de dialogue entre les acteurs de l’administration, de la santé, du secteur religieux, de l’enseignement, la société civile, la famille juridique et la communauté. Pour elle, regrouper tous ces acteurs est une condition clef pour améliorer cette situation.
Le directeur régional de la santé de Kindia Fakourou Dansoko n’a pas manqué d’évoquer les conséquences du mariage précoce : « fistules, transmission IST/VIH, fausses couches, décès maternels… il a rassuré que les résultats de ce débat feront tache d’huile parce qu’ils nous permettront d’avoir les avis de tout un chacun » a-t-il conclu.
Du côté de la justice Modoufodé Bangoura a fait savoir que les textes sont clairs, les filles doivent se marier à l’âge de 18ans et les garçons à 21 ans selon le code pénal guinéen dans ses articles 319, 320, 321 et 322. Outre passer cela, c’est aller à controverse de la loi et c’est puni. La peine va de trois mois à un an de prison a-t-il expliqué.
L’inspecteur régional de la ligue islamique de Kindia El hadj Soulemayne Yansané s’engage à lutter contre le mariage précoce en prêchant sur ce thème dans les mosquées, lors des mariages et cérémonies de baptêmes pour sensibiliser la population a-t –il promis.
Le forum a pris fin autour d’une table ronde ou tous les acteurs ont exprimé leur point de vue dans un débat houleux sur cette problématique. Chacun dans son analyse a reconnu les méfaits du mariage précoce.
Alain Toupou