De décembre 2015 à décembre 2017, Tostan a mis en œuvre le projet accélérer l’abandon des pratiques néfastes en Moyenne Guinée, précisément dans les districts de Dalein et de Tountouroun, préfecture de Labé.
Ce projet est financé par l’UNFPA à travers la Direction Nationale de la Promotion Féminine et du Genre (DNPFG). Il s’inscrit dans le cadre du Programme de Coopération UNFPA-GUINEA 2013-2017.
Durant 2 ans, Tostan a développé son programme holistique d’éducation basé sur les droits humains et les responsabilités. Ce programme met l’accent sur le potentiel des communautés à améliorer leur bien-être et l’efficacité individuelle et l’action collective ainsi qu’à intégrer les pratiques et les normes sociales qui respectent les droits humains. Dans ce cadre, les facilitateurs ont réalisé 94 séances d’éducation sur les droits humains et sur les responsabilités. Par le biais de la diffusion organisée, ces séances ont été renforcées par 889 causeries éducatives réalisées par 20 associations de jeunes, 20 leaders religieux, 19 agents de santé, 20 Conseils Locaux pour Enfants et Familles (CLEF), 60 Comités Villageois pour la Protection de l’Enfant (CVPE,) 20 Comités de Gestion Communautaire (CGC) et 4 Agents de Mobilisation Sociale (AMS). Dans la même logique, 99 émissions ont été réalisées par les radios rurales de Labé et Pita. Les thèmes des causeries éducatives et des émissions de radio ont porté sur le droit à être protégé contre toute forme de violence et le droit à l’intégrité physique. Ces droits sont directement liés à l’excision et au mariage d’enfants. Le projet a touché 16 517 personnes dont 12 387 femmes à travers les différentes stratégies utilisées pour partager les connaissances.
Suite à ces activités d’éducation et de sensibilisation sur les droits humains et responsabilités, 87 villages dans la zone de Dalein et de Tountouroun sur une prévision de 80 ont pris l’engagement d’abandonner l’excision et le mariage d’enfants. Pour matérialiser cet engagement, les représentants de ces villages ont pris la décision d’organiser une déclaration publique d’abandon de ces pratiques néfastes. Cette déclaration, présidée par le Gouverneur de la Région Administrative de Labé, a regroupé 331 participants dont 248 femmes. Elle s’est déroulée en 2 étapes comme suit :
Un panel de presse a été organisé ce jour 25 novembre 2017 à Tèguègnè, sous-préfecture de Kouramangui, 34 km de la commune urbaine de Labé. Ce panel a mis face à face les médias locaux composés des radios rurales de Labé et Pita, Espace FM Labé, BTA FM ainsi que GPP FM et les représentants de 87 villages. Le panel, espace d’échange et d’interaction a permis aux représentants de 87 villages dans la zone de Dalein et de Tountouroun d’expliquer le processus qui les a conduits à délibérer sur leurs valeurs après avoir participé aux séances d’éducation et de sensibilisation sur les droits humains et les responsabilités.
Le panel de presse a été suivi par la déclaration publique d’abandon de l’excision et de mariage d’enfants. Cette déclaration a eu lieu ce jour 26 novembre 2017, à Ley Thiandhi, sous-préfecture de Kouramangui, 38 km de la commune urbaine de Labé. Devant le Gouverneur de la région administrative de Labé, les représentants de 87 villages composés de leaders religieux, de chefs coutumiers, de leaders des femmes et des jeunes ont pris l’engagement d’abandonner la pratique de l’excision et de mariage d’enfants. A rappeler que les récentes enquêtes indiquent que 54,6% des filles se marient avant 18 ans et 97% des femmes de 15 à 49 ans ont subi l’excision (MICS, 2016). La proportion de personnes de 15-64 ans ayant subi au moins une forme de violence depuis l’âge de 15 ans est de 80,2% (Enquête nationale sur les VBG, 2016) contre 91,9 en 2009. La déclaration de Ley-Thiandhi vient s’inscrire dans le vaste mouvement national et international pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Minkael Camara