Au Liberia, les premiers résultats, encore provisoires, du second tour de la présidentielle entre le sénateur George Weah, légende du football, et le vice-président sortant, Joseph Boakai, sont attendus ce 28 décembre. La commission électorale nationale (NEC), qui l’a indiqué sur Facebook hier soir, n’a pas précisé d’horaire pour cette annonce attendue avec impatience mais sans signe apparent de tension par tout un pays.
Favori de ce second tour de la présidentielle, Georges Weah, sénateur et ancien footballeur international, bénéficie d’une image assez ambivalente dans la société libérienne.
Une critique revient constamment dans les milieux qui lui sont hostiles : il parlerait mal l’anglais. Une façon détournée de dire qu’un footballeur est inapte à diriger le Liberia.
Pour le journaliste libérien John Kollie, cette critique témoigne du mépris de la petite élite américaine qui a fondé la république libérienne en 1847 pour un homme qui n’a pas l’étoffe d’un chef d’Etat à ses yeux.
« Le Liberia est-il un pays anglophone au départ ? Non. On peut mal s’exprimer dans une langue et faire de grandes choses pour son pays, estime le journaliste. Cela ne veut pas dire qu’il fera de grandes choses. Mais je refuse d’accepter que quelqu’un puisse être supérieur ou inférieur à moi parce qu’il ne parle pas comme moi ».
George Weah n’est pas un digne fils de l’élite, qu’on appelle les Congos. Il est issu d’une population qu’on décrit encore aujourd’hui comme autochtone. Ce qui jouerait en sa faveur au plan politique, surtout dans l’intérieur du pays, selon John Kollie.
Aux yeux de beaucoup de Libériens, George Weah est un fils du peuple. Il ne fait pas partie de la vieille élite américaine et il a grandi dans un bidonville. Ce n’est pas un défaut aux yeux de tout le monde.
Les Libériens impatients
La commission électorale (NEC) devait tenir une première conférence de presse post-électorale le 27 décembre, finalement reportée à aujourd’hui. Pour certains, l’attente est insoutenable. Mais d’autres ont choisi de prendre leur mal en patience.
Lisa Harris, 23 ans, étudie à l’université du Liberia, non pas sur le nouveau campus construit par la Chine, mais sur l’ancien. Elle milite dans une petite ONG, Payowi, qui fait la promotion des droits des jeunes filles.
Comme beaucoup de ses concitoyens, Lisa Harris a voté ce 26 décembre. Il s’agissait de la première fois. « C’était assez amusant, raconte-t-elle. Je n’avais jamais fait cela. Donc oui, j’étais assez fière. Et je dois dire que j’ai adoré l’expérience ».
Comme tous les Libériens, elle attend désormais la proclamation des résultats provisoires par la NEC. Elle se demande bien pourquoi cela prend autant de temps.
Avant le premier tour, en octobre, on comptait vingt candidats à la présidentielle et des centaines de candidats aux législatives. Désormais, il suffit de départager deux hommes. Lisa Harris est impatiente de savoir la suite de l’histoire.
« Oui, on peut dire que je suis nerveuse, explique-t-elle. Tout le monde a hâte de connaître les résultats finaux. Mais, bon, je ne suis pas angoissée, non plus. Contrairement à certaines personnes qui n’en peuvent plus d’attendre. Elles vont devoir patienter. On n’a pas le choix ».
Seule la commission électorale peut annoncer des résultats officiels. Cela n’empêche pas les radios privées de diffuser des résultats provisoires. L’ex-président du Ghana, John Mahama, qui dirige la mission d’observation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Liberia, a par ailleurs annoncé un taux de participation électorale de 55%. Ce chiffre reste cependant à confirmer.
Rfi