Le « shutdown » tant redouté a bien eu lieu. Les sénateurs ne sont pas parvenus à trouver un compromis, dans la soirée de vendredi 19 janvier, pour voter la loi de financement temporaire du gouvernement, voulue par les républicains, en échange de négociations ultérieures sur le dossier de l’immigration, cher aux démocrates. 60 voix sur 100 étaient nécessaires. L’administration est donc figée. La Maison Blanche accuse les démocrates de prendre les Américains « en otage ».
Le « shutdown », c’est-à-dire la fermeture partielle des administrations de l’Etat fédéral américain, débute. Concrètement, il signfie que le gouvernement est techniquement à court d’argent, ce qui l’oblige à fermer des dizaines d’agences à travers le pays. Près de 850 000 fonctionnaires se retrouvent au chômage technique, et non payés. Le dernier « shutdown » remonte à 2013, il avait duré seize jours.
La majorité républicaine n’a pas réussi à convaincre assez de démocrates d’accepter de financer très temporairement le budget fédéral en échange de négociations ultérieures sur le dossier qui leur tient le plus à coeur, celui des « Dreamers », ces centaines de milliers de jeunes immigrés arrivés illégalement aux Etats-Unis quand ils étaient enfants et temporairement protégés de l’expulsion par Barack Obama.
« Ce soir, (les démocrates du Sénat) ont placé la politique au-dessus de notre sécurité nationale », a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de Donald Trump. « Nous ne négocierons pas sur le statut d’immigrants illégaux pendant que les démocrates prennent en otage les citoyens respectueux du droit avec leurs exigences irresponsables », a-t-elle ajouté, laissant augurer de difficiles négociations dans les jours à venir. De son côté, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate a riposté : « Cet échec repose sur les seules épaules du président. C’est le Trump Shutdown. »
jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé sur le budget, indique notre correspondante à Washington,Anne Corpet, seul le personnel indispensable au fonctionnement de l’administration fédérale continuera de travailler. Les militaires en service, un certain nombre de policiers, de douaniers, la maison blanche, le congrès, l’administration chargée des vétérans et les services postaux resteront opérationnels. Tous les autres fonctionnaires resteront chez eux, et leurs salaires ne seront pas versés.
Bruce Gellan est médecin, il travaillait à l’institut national de santé lors du dernier « shutdown » en 2013: « Quand on est fonctionnaire, on vous dit que c’est illégal de travailler. Je faisais des travaux scientifiques dans le secteur de la santé et je sais que par exemple si vous travaillez sur une étude et que vous devez prélever des échantillons sanguins sur des patients chaque jour pour les analyser, cela doit s’arrêter. Donc cette étude s’arrête et l’argent investi est perdu, et tout ce qu’on aurait pu tirer de l’étude est perdu. »
Son épouse Shannon n’est pas directement concernée, elle travaille dans le privé. Mais elle est consternée par ses élus : « Ils ont eu plein d’occasions pour régler cela. Ils ont eu des mois pour y travailler et c’est frustrant qu’ils n’y parviennent pas. Ils ne fonctionnent pas bien et c’est décevant qu’ils ne puissent pas travailler ensemble pour le bien du peuple américain. »
Le « shutdown » intervient en début de week end et ne devrait pas avoir de conséquence trop importante jusqu’à lundi matin. Il reste donc deux jours aux parlementaires américains pour tenter de trouver un compromis avant la paralysie partielle de l’administration. Les sénateurs des deux partis se sont engagés à poursuivre les négociations pour tenter de trouver un compromis avant le 22 janvier.