À Monrovia, George Weah promet de construire « un nouveau Liberia » – Base Cote Media

À Monrovia, George Weah promet de construire « un nouveau Liberia »

Le nouveau président du Liberia a été investi ce lundi devant une foule de plus de 35 000 personnes. Dans une atmosphère de liesse populaire, il a promis de préserver les acquis démocratique, de lutter contre la corruption et de construire un Liberia « d’égalité, de liberté, de dignité et de respect ». Reportage.

« Dans ma vie, j’ai passé beaucoup de temps dans des stades de football. Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Je peux vous garantir que cette fois-ci il n’y aura ni gagnant, ni perdant. » À peine ces mots lancés, et la clameur s’est emparée du grand stade de Monrovia. Une joie qui a résonné en écho dans les rues de la capitale libérienne.

Debout devant 35 000 personnes, dans sa tunique immaculée, la super-star du pays a prononcé ses premiers mots de président. « Cette cérémonie marque le passage de témoin d’un gouvernement démocratiquement élu à un autre, mais aussi d’une génération à une autre. Cela confirme que la démocratie existe au Liberia. Soyez sûrs que cela va continuer », a promis George Weah, rappelant les années de guerre et de souffrance dans le pays.

Lutte contre la corruption et ouverture à l’étranger

L’ancien footballeur s’est engagé à construire un « nouveau Liberia », pays « d’égalité, de liberté, de dignité et de respect », promettant de lutter contre la corruption. Il a appelé tous ses concitoyens à l’aider dans cette tâche et a insisté sur les liens entre son pays et ses partenaires étrangers, Américains, Européens, Chinois et Africains.

Derrière lui, la tribune officielle était pleine à craquer. Une quinzaine de chefs d’États africains avaient fait le déplacement : Alassane Ouattara, Macky Sall, Alpha Condé, Faure Gnassingbé, Nana Akufo-Addo, Faure Gnassingbé ou encore Ali Bongo étaient présents. Autant d’hommes qu’il retrouvera dans une semaine, à Addis-Abeba pour le 30ème sommet de l’Union africaine, où George Weah est annoncé.

Mais l’homme le plus acclamé après George Weah fait parti d’un tout autre monde. À son arrivée, l’attaquant camerounais Samuel Eto’o a provoqué des scènes de liesse dans les tribunes.

« Il est l’un des nôtres, il nous comprend »

Depuis l’aube, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient afflué vers le principal stade de la capitale. Des queues de plusieurs kilomètres de long s’étaient formées le long des avenues, chacun espérant pouvoir assister à cette investiture.

« J’attends ce jour depuis 2005. Il a échoué une fois, puis une seconde, mais je n’ai jamais cessé de croire en lui. Il est l’un des nôtres, il nous comprend et il fera notre bien », confiait ainsi Moses, 32 ans, et un tee shirt « I love Weah » sur les épaules.

Le second président « natif »

Né dans un bidonville de la capitale, élevé par sa grand-mère et « natif » (« autochtones », terme employé au Liberia pour marquer la différence avec les descendants d’esclaves Afro-Américains libérés puis venus s’installer au Liberia au début du XIXe siècle), le nouveau président suscite beaucoup d’espoir.

S’ils ne représentent que 5% de la population, les descendants d’Afro-Américains, appelés « Congos », ont en effet longtemps détenu la majorité des leviers de pouvoir dans le pays. George Weah, 24ème président libérien, n’est que le second à ne pas être un « Congo ».

Dans un pays marqué par deux sanglantes guerres civiles entre 1989 et 2003, qui ont fait plus de 150 000 morts, et récemment malmené par l’épidémie d’Ebola, les capacités de cet ancien ballon d’or à gouverner le pays continuent à interroger. Son alliance avec Jewel Howard-Sirleaf, l’ancienne femme de Charles Taylor, qui est devenue ce lundi vice-présidente suscite aussi de nombreuses interrogations.

Autant de questions balayées en ce jour de fête au Liberia. « Quand il était footballeur, il a tout gagné, non ? Maintenant il est président, on va tout gagner. C’est le meilleur », s’égosillait Ali, un policier. À la sortie du stade, dans un concert de klaxons, ils étaient des dizaines à danser, bière à la main, emportés par l’ivresse à l’idée qu’une nouvelle ère commence.

Jeune Afrique