Le président américain Donald Trump a annoncé ce mardi 8 mai le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, qu’il a qualifié de « désastreux », et le rétablissement des sanctions contre Téhéran.
« J’annonce aujourd’hui que les Etats-Unis vont se retirer de l’accord nucléaire iranien », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, annonçant le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l’engagement pris par l’Iran de ne pas se doter de l’arme nucléaire.
Le locataire de la Maison Blanche n’a donné aucune précision sur la nature des sanctions qui seraient rétablies et à quelle échéance mais il a mis en garde : « tout pays qui aidera l’Iran dans sa quête d’armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les Etats-Unis ». Dénonçant avec force cet accord « désastreux », il a assuré avoir la « preuve » que le régime iranien avait menti sur ses activités nucléaires.
Les sanctions américaines seront effectives immédiatement pour les nouveaux contrats a affirmé le conseiller à la sécurité nationale John Bolton qui a toutefois précisé que les entreprises étrangères auraient quelques mois pour sortir d’Iran. Il a également jugé possible que de nouvelles sanctions soient imposées.
Dans un communiqué et un document publiés sur son site Internet, le Trésor précise que les Etats-Unis vont rétablir une large palette de sanctions concernant l’Iran à l’issue de périodes transitoires de 90 et 180 jours, qui viseront notamment le secteur pétrolier iranien ainsi que les transactions en dollar avec la Banque centrale du pays.
Netanyahu satisfait de cette «décision courageuse»
L’annonce du président américain a été saluée par l’Arabie saoudite mais aussi et surtout par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
A peine Donald Trump avait-il fini sa déclaration que Benyamin Netanyahu était à son tour face aux caméras. Le Premier ministre israélien avait concerté sa réponse avec Washington et ses premiers mots ont été pour saluer l’annonce du président américain. « Israël soutient pleinement la décision courageuse du président Trump de rejeter l’accord nucléaire désastreux avec le régime terroriste de Téhéran. »
Benyamin Netanyahu a rappelé son opposition « dès le début » à cet accord. Pour lui, il « pave le chemin de l’Iran vers un arsenal entier de bombes nucléaires ». Et en moins de trois ans d’application, il s’est déjà révélé contre-productif, assure-t-il.
« L’accord n’a pas éloigné la perspective d’une guerre, il l’a au contraire renforcée. Depuis cet accord, nous avons vu les agressions de l’Iran croître chaque jour : en Irak, au Liban, au Yémen, à Gaza, et surtout en Syrie où l’Iran essaye d’établir des bases militaires pour attaquer Israël. »
Benyamin Netanyahu a également dénoncé la volonté de l’Iran de développer de nouveaux missiles. Et pour lui, Israël ne sera pas le seul à gagner de ce revirement des Etats-Unis. « Si vous ne changez rien à tout ça, tous ces éléments combinés constituent une recette pour un désastre. Un désastre pour le Moyen-Orient. Un désastre pour la paix dans le monde. »
L’UE et la Russie au diapason contre la décision de Washington
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont en revanche regretté la décision américaine et planchent déjà sur la possibilité d’élaborer un nouvel accord. « Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l’activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak », a affirmé sur Twitter Emmanuel Macron. « Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu », a-t-il ajouté. Emmanuel Macron l’a martelé il y a deux semaines devant le congrès américain : le multilatéralisme doit être la réponse à l’isolationnisme.
Dans un communiqué commun, Londres, Paris et Berlin ont par ailleurs appelé toutes les parties signataires de l’accord sur le nucléaire iranien à « continuer à souscrire à sa pleine mise en œuvre » et à agir dans « un esprit de responsabilité ». « Nos gouvernements restent déterminés à assurer sa mise en oeuvre car la sécurité du monde en a été renforcée » écrivent la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pour qui « l’Iran se conforme à ses obligations ».
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini a, par ailleurs, affirmé que l’Union européenne était déterminée à préserver l’accord nucléaire iranien.
Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, la Russie a fait savoir qu’elle était profondément déçue par la décision de Donald Trump. Une position partagée par la Turquie qui dit craindre « de l’instabilité et de nouveaux conflits » au Moyen-Orient.
Pour Rohani, les Etats-Unis ont «montré qu’ils ne respectaient jamais leurs engagements»
Le président iranien Hassan Rohani s’est lui aussi exprimé après l’annonce de Donald Trump. Il a déclaré vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes pour voir si ces derniers peuvent garantir les intérêts de l’Iran après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Accusant le président américain de pratiquer « une guerre psychologique », Rohani a affirmé dans une allocution à la télévision d’État iranienne : « Les États-Unis ont toujours montré qu’ils ne respectaient jamais leurs engagements ». Il a également prévenu que Téhéran pourrait recommencer à enrichir davantage l’uranium.
« J’ai ordonné à l’Organisation iranienne de l’énergie atomique de prendre les mesures nécessaires […] pour qu’en cas de nécessité nous reprenions l’enrichissement industriel sans limite », a déclaré le président Rohani à la télévision iranienne. « Nous attendrons quelques semaines avant d’appliquer cette décision », en fonction du résultat des discussions entre Téhéran et les autres partenaires de l’accord, a-t-il ajouté.
rfi