Les quatre jihadistes présumés – dont trois ont été tués mardi au cours d’une opération des forces de l’ordre à Ouagadougou – « projetaient une attaque » dans la capitale, selon la procureure du Burkina Faso.
« Il est établi qu’ils [les jihadistes présumés, ndlr] projetaient une attaque dans la capitale courant juin contre des cibles importantes », a déclaré la procureure Maïza Sérémé au cours d’une conférence de presse, sans dévoiler ces cibles.
Cette dernière a également souligné un « lien entre les occupants de la villa et les assaillants des attaques terroristes du 2 mars 2018 ». Celles-ci avaient visé l’état-major des armées et l’ambassade de France à Ouagadougou, faisant 8 morts et 85 blessés.
Dans la nuit du lundi 21 mai, les forces de sécurité burkinabè ont pris d’assaut une villa de Ouagadougou, tuant trois jihadistes présumés. Un quatrième a été arrêté. L’assaut a coûté la vie à un gendarme, et six personnes ont été blessées au cours de l’opération.
« Un arsenal de guerre »
L’enquête a révélé « un lien » entre les jihadistes présumés tués ou arrêtés et l’attaque du 2 mars : « Une des plaques d’immatriculation trouvées dans la villa est celle du vélomoteur utilisé dans l’attaque de l’état-major général. Une autre plaque saisie renvoie à un véhicule aux caractéristiques identiques à celui de marque Nissan Almera qui a explosé au sein de l’état-major », a souligné la procureure.
« Un arsenal de guerre composé de fusils de type AK47 (kalachnikov), un fusil mitrailleur PKMS, deux pistolets automatiques, un revolver, 1097 cartouches de 7,62 et 28 chargeurs pour fusils AK47, des pains plastiques, des clous, des cordons détonants, des détonateurs, des grenades, des tenues militaires de l’armée burkinabè et de l’armée française ont été découverts dans la villa », a expliqué la procureure détaillant les révélations la veille du ministre de la Sécurité Clément Sawadogo.
« Les premiers éléments de l’enquête font ressortir que les quatre individus qui occupaient la villa depuis le 10 mai 2018 sont de nationalité burkinabè et malienne », a-t-elle affirmé.
« Installer le jihad au Burkina »
L’interrogatoire de la personne interpellée – un « Malien se présentant comme Cissé Mohamed » – « n’a pas révélé grand-chose » car il était arrivé du Mali « deux ou trois jours » auparavant, a indiqué Mme Sérémé.
Ces assaillants « appartiendraient au même groupe terroriste ‘Al Mourabitoune’ », un des groupes composant le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulman (GSIM), qui avait revendiqué l’attaque du 2 mars.
Selon la procureure, « le cerveau du groupe, Sawadogo Abdoulaye, alias Abdallah (un Burkinabè décédé dans l’assaut), jouait au recruteur et ensuite il formait les gens au Mali ».
« C’est vraiment quelqu’un de très impliqué dans le terrorisme et il voulait installer le jihad au Burkina », a-t-elle ajouté.
Des attaques de plus en plus meurtrières
Ella a précisé qu’il était impliqué dans « plusieurs attaques » menées sur le sol burkinabè dont celle de la brigade territoriale de gendarmerie de Samorogouan (ouest), perpétrée par une cinquantaine d’hommes en octobre 2015 et qui avait causé la mort de trois gendarmes.
Son nom était également apparu dans le démantèlement, en 2016, d’un réseau qui tentait de recruter des jeunes pour le jihadisme à Kilwin, une banlieue de Ouagadougou, a-t-elle poursuivi.
Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres au monde, est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Ouagadougou a été visée depuis cette date par trois attaques jihadistes qui ont fait au total près de 60 morts.
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