À la veille du mondial, l’Espagne se sépare de son sélectionneur – Base Cote Media

À la veille du mondial, l’Espagne se sépare de son sélectionneur

Au lendemain de sa nomination au Real Madrid, Julen Lopetegui a été démis mercredi de sa fonction de sélectionneur de la Roja et cède sa place à Fernando Hierro pour la Coupe du monde en Russie, annonce la fédération espagnole de football. C’est une annonce qui pourrait fortement ébranler.

À la veille du coup d’envoi de la Coupe du monde de football en Russie, le sélectionneur espagnol Julen Lopetegui a été démis de ses fonctions, mercredi 13 juin, par la fédération espagnole de football. En cause, la nomination surprise de l’entraîneur à la tête du Real Madrid. Le directeur sportif de l’Espagne Fernando Hierro a été bombardé sélectionneur à sa place.

« Nous avons décidé de nous passer du sélectionneur [Julen Lopetegui] », a dit le président Luis Rubiales en conférence de presse. « La sélection appartient à tous les Espagnols. C’est une décision que nous avons dû prendre en fonction d’une certaine manière de faire et en fonction de certaines valeurs », a-t-il précisé. Quelques heures après ce limogeage, la fédération a publié un communiqué annonçant que « Fernando Hierro assumera la charge de sélectionneur national à la Coupe du monde en Russie ».

Ce renvoi d’un sélectionneur en poste à deux jours d’une compétition majeure, décision d’une gravité rare, précipite dans la tourmente l’un des favoris de cette Coupe du monde. Fernando Hierro « dirigera son premier entraînement [ce soir] et débutera vendredi à Sotchi lors de l’entrée en lice de l’Espagne contre le Portugal », champion d’Europe en titre, a ajouté la RFEF.

C’est dire l’ampleur de la tâche qui attend Hierro, ancien défenseur et capitaine du Real Madrid et de l’équipe d’Espagne, réputé proche de Lopetegui et qui aurait, selon la presse, plaidé pour le maintien en poste du technicien basque.

Une méthode peu appréciée par la fédération

Luis Rubiales, nouveau président de la fédération espagnole (RFEF) élu sur un programme de renouvellement après les scandales de la fin de l’ère Angel Maria Villar (1988-2017), s’est placé sur le terrain des valeurs et de la morale pour justifier la décision de renvoyer Lopetegui.

Même s’il a assuré ne pas se sentir « trahi » par la décision de Lopetegui de rejoindre le Real alors qu’il venait de prolonger en mai avec la Roja jusqu’en 2020, Rubiales a refusé d’être mis devant le fait accompli.

« La RFEF ne peut pas rester en marge d’une négociation avec un de ses employés et découvrir un accord cinq minutes avant un communiqué officiel (du Real) », a accusé Rubiales.

« Le meilleur entraîneur pour la sélection était Julen Lopetegui et pour moi, c’est un professionnel impeccable. Mais la manière de faire est importante », a-t-il dit.

Il faudra voir si cette décision ramène le calme autour de l’équipe nationale espagnole, qui a souvent été déchirée par des forces centrifuges alimentées par la rivalité entre les deux grands clubs du pays, le FC Barcelone et le Real Madrid.

Lopetegui, nommé en 2016, avait jusque-là réussi à naviguer entre ces deux pôles à la faveur de son passé de gardien de but au Real, puis au Barça, dans les années 1990. Mais sa nomination à Madrid, deux semaines après le départ surprise de Zinedine Zidane, est venue rompre cet équilibre et a laissé planer le soupçon du favoritisme et du manque d’implication pour un technicien qui devrait affronter vendredi Cristiano Ronaldo, la star portugaise du Real.

Après seulement deux années en poste, Lopetegui (51 ans) a donc été débarqué au pire moment et ces événements viennent ternir le bon travail accompli depuis sa nomination en 2016 : 20 matchs avec l’Espagne et aucune défaite.

Hierro connaît le vestiaire

Des caméras d’une chaîne espagnole avaient d’ailleurs capté mardi soir une discussion très animée entre Hierro et Lopetegui, dont la décision de signer au Real Madrid pour trois saisons a pris tout le football espagnol de court.

Après une belle carrière de joueur (89 sélections, trois Ligues des champions), Hierro a été l’un des artisans de l’âge d’or de la sélection espagnole en occupant le poste de directeur sportif de la Roja entre 2007 et 2011. Sur cette période, la sélection espagnole a remporté l’Euro-2008 puis la Coupe du monde 2010, avant de décrocher sur sa lancée l’Euro-2012.

Après ce mandat de quatre ans, Hierro est devenu manager de Malaga (2011-2012) puis entraîneur-adjoint de Carlo Ancelotti au Real Madrid (2014-2015). Sur la saison 2016-2017, il était l’entraîneur principal d’Oviedo, qui a terminé 8e de la deuxième division espagnole, avant de revenir en novembre dernier au poste de directeur sportif de la Roja.

Face à ce criant manque de références sur un banc de touche, Hierro a pour lui la connaissance du vestiaire et ressemble à une solution de continuité pour l’équipe espagnole, invaincue depuis 20 rencontres mais forcément ébranlée par cette révolution de palais. L’Espagne, donnée parmi les favorites du mondial, s’en remettra-t-elle ?

Avec AFP