Aux larges des côtes tunisiennes, la fatigue se fait sentir à bord du Sarost 5, à bord duquel 40 migrants rescapés et 13 membres d’équipage attendent depuis deux semaines un hypothétique débarquement. Une situation qui révèle les bouleversements dramatiques que vivent les sauveteurs en Méditerranée.
Paralysé. Voilà maintenant près de deux semaines que le bateau Sarost 5 est bloqué au large du port de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie. A bord, 40 migrants rescapés – dont deux femmes enceintes et plusieurs personnes souffrants de la galle – et 13 membres d’équipage. Ni la France, ni l’Italie, ni Malte n’ont accepté de l’accueillir. Quant-à la Tunisie, elle a d’abord donné son accord avant de se rétracter.
Malte repousse le navire
Les migrants ont initialement été secourus par le navire Caroline III, envoyé par le Centre de coordination et de sauvetage de Malte (MRCC). Seulement, selon des ONG tunisiennes, « il est établi que le navire a ensuite été repoussée en Tunisie par le MRCC de Malte qui a refusé de les laisser débarquer sur leurs côtes. Ce qui viole le droit communautaire et le droit maritime international ».
L’embarcation se trouvait en effet en zone maltaise quand elle a été signalée, le MRCC avait donc la responsabilité de désigner un port sûr où débarquer. D’autres sources affirment même que les gardes-côtes italiens et français ont eux aussi refusé de les laisser accoster, sous prétexte que « les ports les plus proches étaient situés en Tunisie. »
Le droit maritime international prévoit que les personnes soient débarquées dans le port le plus sûr, ce qui ne signifie pas qu’il s’agit automatiquement du port le plus proche géographiquement. Or, la Tunisie n’est pas considérée comme un « pays sûr » pour les réfugiés, du fait de l’inexistence du droit d’asile sur son territoire.
Une fois débarqués, les migrants y seront donc pris en charge par le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) et seront soumis à des examens bien moins approfondies que ceux qui prévalent dans le droit communautaire européen.
Pour preuve, en 2013, après la fermeture du camp ouvert en 2011 par le HCR dans le sud de la Tunisie pour faire face à l’afflux de réfugiés en provenance de Libye, plusieurs dizaines de personnes sont restées sur place, réclamant la révision du rejet de leur droit d’asile. Elles ont été évacuées en juin 2017 et placées dans un centre pour jeunes à la Marsa (banlieue nord de Tunis). Jusqu’à ce jour, leur demande d’appel n’a toujours pas été entendue et leurs conditions de vie continuent à se détériorer, dans l’indifférence manifeste des autorités tunisiennes.
Jeune afrique