L’ouragan Maria, qui a frappé Porto Rico en septembre dernier, a fait près de 3 000 morts sur l’île dans les six mois qui ont suivi la catastrophe. Un bilan officiel, publié mardi, bien loin des 64 morts initialement rapportés.
Cette fois, c’est officiel : l’ouragan Maria de 2017 a tué 2 975 personnes sur l’île de Porto Rico dans les six mois suivant la catastrophe naturelle, selon une étude indépendante entérinée mardi 28 août par le gouvernement de ce territoire américain.
Le bilan tragiquement sous-estimé de 64 morts, qui fut un temps celui avancé par les autorités locales, est désormais officiellement abandonné, après un an de controverse, tandis que la méthode pour comptabiliser les décès causés directement et indirectement par les catastrophes naturelles est appelée à évoluer.
« J’ai donné comme instruction d’actualiser le bilan officiel à 2 975 morts », a déclaré Ricardo Rossello, gouverneur de Porto Rico. « Toute future discussion devra se fonder sur ce rapport », a-t-il déclaré.
Comparaison des mortalités
C’est le gouverneur qui avait lui-même demandé, il y a plusieurs mois, à des chercheurs de l’université George Washington de parvenir à un bilan réaliste, face à la controverse. Il a fait son mea culpa mardi.
Les chercheurs, qui ont conduit leurs travaux de façon indépendante, sont parvenus à leur estimation en comparant la mortalité pendant cette période à la mortalité normale, à partir des actes de décès et en prenant en compte les migrations d’habitants. Ils estiment que la mortalité a augmenté sur l’île de 22 % de septembre 2017 à février 2018, par rapport à la même période de l’année précédente.
Une autre étude indépendante de chercheurs d’Harvard, non commandée par le gouvernement porto-ricain et publiée en mai, avait conclu à environ 4 600 morts en trois mois, selon une méthode proche.
La sous-estimation du nombre de décès résultait de la façon dont les services d’état-civil enregistraient les morts, la cause inscrite ayant rarement été liée à l’ouragan, a fortiori quand les décès intervenaient longtemps après le passage de celui-ci. « Certains groupes, les plus modestes et les plus âgés, ont couru le plus de risques », a détaillé l’un des auteurs de l’étude.
Maria a laissé des stigmates pendant des mois sur l’île, en coupant l’eau, l’électricité, le téléphone et les routes, isolant de nombreux villages. Nombre d’habitants vulnérables n’ont plus eu accès à des médecins ou des pharmacies pendant des mois. Faute d’électricité, les respirateurs artificiels ne pouvaient plus fonctionner.
Le gouvernement Trump critiqué
Maria avait frappé Porto Rico le 20 septembre, lors d’une saison 2017 record pour les ouragans. Le chaos s’était installé jusque dans les villes et le gouvernement fédéral avait été critiqué pour la lenteur de sa réaction, qui tranchait avec la haute priorité assignée par le président Donald Trump au Texas et à la Louisiane, frappés par un autre ouragan à la même période, Harvey.
Le gouverneur Rossello, membre du « nouveau parti progressiste », a d’ailleurs implicitement critiqué le gouvernement Trump, notant, mardi, que le « processus bureaucratique » avait été plus long qu’au Texas et en Floride. « C’est un facteur qui a vraiment ralenti notre reconstruction », a-t-il dit.
Les enquêteurs appellent les autorités insulaires à réformer leurs services d’état-civil et de médecine légale, afin qu’ils communiquent mieux entre eux et recensent de façon exacte la cause des décès.
Avec AFP