Alors que l’enquête se poursuit sur la disparition de Jamal Khashoggi à Istanbul, le Washington Post a publié mercredi ce qu’il présente comme la dernière tribune du journaliste saoudien, consacrée à la liberté de la presse dans le monde arabe.
Le quotidien américain Washington Post a publié mercredi 17 octobre ce qu’il présente comme la dernière contribution (final column) de Jamal Khashoggi, dans laquelle l’éditorialiste saoudien évoque la question de la liberté de la presse dans le monde arabe.
Pour Jamal Khashoggi, collaborateur du prestigieux journal et résident américain permanent, disparu le 2 octobre après être entré au consulat saoudien d’Istanbul, cette liberté manque cruellement dans cette partie du monde.
« Hélas, cette situation ne changera probablement pas », déplore-t-il dans cet éditorial transmis par son traducteur au lendemain de sa disparition.
« Il y avait un temps où les journalistes ont cru qu’Internet allait libérer l’information de la censure et du contrôle associé à la presse écrite », poursuit-il.
« Le monde arabe fait face à sa propre version du rideau de fer »
« Mais ces gouvernements, dont l’existence même s’appuie sur le contrôle de l’information, ont bloqué de manière agressive Internet ». Pour lui, « le monde arabe fait face à sa propre version du rideau de fer, imposé non pas par des acteurs externes mais à cause des forces nationales se disputant le pouvoir ».
Et le journaliste, critique de la pétromonarchie wahhabite et du prince héritier Mohammed Ben Salmane, de citer le Qatar, grand rival de l’Arabie saoudite au Moyen-Orient.
« Le gouvernement du Qatar continue à soutenir la couverture des informations internationales, contrairement aux efforts de ses voisins visant à maintenir le contrôle de l’information afin d’appuyer ‘l’ancien ordre arabe' », écrit-il à propos du pays d’où émet la chaîne Al-Jazeera.
Alors que les soupçons d’un assassinat de Jamal Khashoggi par des tueurs envoyés par Riyad se font de plus en plus tenaces, et qu’une équipe d’enquêteurs turcs a fouillé mercredi le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, déjà perquisitionné cette semaine, ainsi que la résidence du consul, le quotidien de référence américain a décidé finalement de publier cette tribune.
« Le (Washington) Post a retardé la publication parce que nous espérions que Jamal allait revenir vers nous afin que nous l’éditions avec lui », écrit dans un texte accompagnant son texte l’éditorialiste Karen Attiah. « Maintenant je dois l’accepter : ça ne va pas arriver. Ce sera sa dernière contribution », ajoute-t-elle.
« Cet éditorial saisit parfaitement son engagement et sa passion pour la liberté dans le monde arabe. Une liberté pour laquelle il a apparemment donné sa vie ».
Avec AFP