Après le triple scrutin de dimanche, marqué par une forte affluence et des incidents, le dépouillement est en cours en République démocratique du Congo. La Céni doit annoncer les résultats provisoires le 6 janvier au plus tard.
L’affluence a été forte dimanche pour ces élections présidentielle, législatives et provinciales. Les bureaux de vote devaient fermer à 17h (heure locale), mais au vu des retards à l’ouverture, beaucoup ont dû prolonger les opérations. Plus de 38,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner le successeur du président Joseph Kabila après deux ans d’attente et trois reports.
Le dépouillement s’est donc poursuivi jusqu’à tard dans la nuit de dimanche à lundi pour départager les 17 candidats encore dans la course.
A Kinshasa, le comptage s’est déroulé dans le calme, a rapporté notre correspondant sur place. Pas d’attroupement, très peu de véhicules en circulation, quelques supermarchés ouverts. La capitale était déserte dimanche soir. Tout le monde avait décidé de rentrer chez soi aussitôt le scrutin terminé. Sauf les électeurs des bureaux qui avaient ouvert avec retard qui votaient encore tard dans la soirée.
Les réseaux sociaux étaient eux en revanche plus animés. On pouvait y lire de nombreux témoignages sur les difficultés rencontrées par les électeurs dans tout le pays et aussi des premières tendances sans aucun fondement avéré.
La Céni satisfaite, des irrégularités déplorées
La journée de vote a été émaillée de quelques violences. Quatre personnes ont été tuées dans le territoire de Walungu, au Sud-Kivu. De nombreux dysfonctionnements ont aussi été constatés : pannes de machines à voter, problèmes d’affichage des listes électorales, retards d’ouverture des bureaux de vote ou encore observateurs empêchés d’assister au dépouillement.
Mais malgré ces couacs, dimanche soir, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa, n’a pas caché sa satisfaction.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a estimé elle que le vote s’était déroulé dans un « climat relativement calme ». L’abbé Donatien Nshole fait toutefois l’inventaire des irrégularités rencontrées.
L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a elle dénoncé des cas d’observateurs électoraux arrêtés ou frappés par les forces de l’ordre. Des exactions qui se seraient poursuivies pendant l’opération de dépouillement dans la nuit. Me George Kapiamba accuse le pouvoir d’être derrière ce qu’il qualifie d’actes d’intimidation.
Le chef de la mission d’observation électorale SYMOCEL (Synergie des missions d’observation citoyenne des élections) veut croire lui à une amélioration. Bishop Abraham Djamba appelle la Commission électorale à un « sursaut » et à « prendre des mesures pour garantir le bon aboutissement de ce processus. Il serait vraiment dommage, souligne-t-il, qu’on arrive à gâcher cette opportunité historique qui est donnée au pays. »
Les principaux candidats confiants
Du côté des principaux candidats, au cours d’une conférence de presse dans la soirée, Martin Fayulu a dit croire à la victoire de son camp. Le candidat de la plateforme Lamuka a néanmoins dénoncé des irrégularités dans l’organisation de ces scrutins.
« J’ai déjà gagné. Je serai élu, c’est moi le président à partir de ce soir », avait affirmé quant à lui Emmanuel Ramazani Shadary dès le matin en sortant d’un bureau de vote.
En glissant son bulletin dans l’urne à Kinshasa, Félix Tshisekedi avait lui lancé : « A nous la victoire ! »
Le compte à rebours a commencé. Les résultats provisoires sont attendus pour le 6 janvier au plus tard, a indiqué la Céni.
rfi