Une cinquantaine de pays africains étaient réunis en sommet samedi à Lomé à la demande de l’Union Africaine. Ce 15 octobre au soir, 30 Etats ont signé une charte contraignante sur la sûreté et la sécurité maritime. Un geste « historique pour le continent », confronté à une recrudescence des trafics et de la piraterie maritime, a déclaré président congolais Denis Sassou Nguesso, en conclusion de ce premier sommet de l’UA sur la sécurité des mers.
Le sommet sur la sécurité maritime, la sûreté et le développement en Afrique a pris fin samedi à Lomé avec l’adoption d’une charte appelée « la charte de Lomé »
Les pays de l’Union africaine s’engagent d’abord à échanger leurs informations, leurs expériences et à lutter ensemble contre la piraterie, les trafics ou encore la pêche illicite. Ils promettent également de délimiter leurs frontières maritimes, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui. A ce sujet, un différend oppose la Côte d’Ivoire au Ghana depuis plusieurs années, par exemple.
L’UA décide également la création d’un fonds de sûreté et de sécurité maritime, mais sans dire comment celui-ci sera alimenté. C’est normal expliquent les participants : cette charte est un cadre juridique, pas davantage. Mais un membre de la délégation ivoirienne explique qu’il est souvent difficile de récolter des fonds et qu’Abidjan aurait bien aimé plus de détails sur la question.
Les Etats décident également d’améliorer leur capacité d’intervention en mer et d’investir dans la marine. Chacun chez soi. De même, aucun éventuel droit de poursuite n’est mentionné par le texte, dans les eaux territoriales d’un autre pays, « trop direct et trop sensible », explique un ministre.
Autre disposition : la création d’un comité composé de 15 ministres désignés pour trois ans. Ils seront chargés de veiller à la mise en oeuvre de la charte. La tâche ne sera pas facile, car d’une part, le texte reste assez flou sur plusieurs points et, d’autre part, les Etats pourront déposer des amendements au texte dans les mois à venir.
Même si officiellement, on assure que ce sommet est un succès et la charte « historique », tous les pays participants n’ont pas signé le document. C’est le cas par exemple du Cameroun, qui avait pourtant accueilli un grand sommet sur la piraterie il y a trois ans. D’ailleurs, le président Biya n’a pas fait le déplacement, il a envoyé son ministre de la justice. Selon un analyste, c’est peut-être car le processus lancé à Yaoundé il y a trois ans a été un peu oublié pour laisser la place à cette nouvelle charte.
Les pays en avance sur les organisations régionales
C’est le point de vue de Barthélémy Blédé, un Ivoirien, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité à Dakar. « Je pense que les pays sont plus en avance que les structures régionales. Si aujourd’hui on voit une diminution de la piraterie et des autres actes illicites en mai, c’est grâce aux efforts personnels des pays ». Les pays font des efforts pour s’équiper poursuit le chercheur : le Sénégal, qui achète des navires, le Cameroun qui lui est très équipé, la Côte d’ivoire qui commence à s’équiper, même le Togo où se tient le sommet. Mais les organisations régionales constituent un frein car « souvent il faut que ces pays tiennent compte de la stratégie au niveau de l’Union africaine et de la stratégie au niveau régional, pour qu’il y ait une harmonisation, une coordination et tout ça. Donc je suis plus optimiste au niveau individuel des Etats qu’au niveau régional ».
Et pour Barthélémy Blédé, il est particulièrement important que les pays du Golfe de Guinée aient signé la charte, car « c’est là que le problème se pose réellement ».
Rfi