Simone Gbagbo n’était pas devant ses juges mardi 25 octobre. Tout comme ses avocats, l’ancienne première dame ivoirienne, poursuivie pour crimes contre l’humanité, a choisi de boycotter les audiences jusqu’à nouvel ordre. La défense exige la comparution de plusieurs personnalités politiques telles que Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ou Jeannot Kouadio-Ahoussou, un des ministres du gouvernement ivoirien.
Ce n’est ni une tactique, ni du chantage, jure Rodrigue Dadjé. Mais pour l’avocat de Simone Gbagbo, ce qui se passe est une honte. « Comment juger l’ancienne Première dame pour de prétendus crimes commis pendant la crise post-électorale sans entendre des acteurs majeurs de celle-ci, aussi puissants soient-ils ! S’exclame-t-il. Impossible dans ces conditions de parvenir à la vérité », conclut-il, dans son bureau, la défense tout comme l’accusé ayant refusé de se rendre à l’audience ce mardi.
« Si la réconciliation ivoirienne passe par la justice, le gouvernement ivoirien doit demander à tous les acteurs des faits incriminés au cours de la crise postélectorale de venir se mettre à la disposition de la justice pour donner leur témoignage », argumente Rodrigue Dadjé.
Les conseils de Simone Gbagbo exigent notamment que Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion vienne témoigner à la barre. Tout comme l’ex-chef de l’armée Philippe Mangou ou d’anciens ministres. « Ils n’ont pas suivi la procédure prescrite par le Code pénal, il fallait qu’ils envoient des citations à comparaître », argue Maître Coulibaly, de la partie civile.
Théoriquement, on pourrait commettre des avocats d’office et poursuivre coûte que coûte, mais personne ne le souhaite. Je crois que la défense cherche juste à gagner du temps, le blocage ne devrait pas durer, assure-t-il, confiant.
Il faut interroger les autres acteurs selon la MIDH
Du côté des organisations de défense des droits de l’homme comme la MIDH, le Mouvement ivoirien des droits de l’homme, on rappelle aussi les limites de ce procès comme l’explique à RFI maître Yacouba Doumbia, président du MIDH.
« Simone Gbagbo poursuivie pour crime contre l’humanité, voilà… Il fallait véritablement qu’elle puisse comparaître avec certains acteurs. Ça n’a pas été le cas, elle est seule aujourd’hui à la barre et donc les avocats de la défense ont beau jeu de dire qu’il faut donc interroger les autres acteurs et nous pensons que cette requête-là, quand même, n’est pas hors de portée ».
RFI : Donc vous êtes d’accord avec eux ?
« En tout cas nous constatons que si l’on veut un procès qui puisse permettre d’établir la vérité il faut que tous les acteurs de la crise puissent venir dire leur part de vérité, de telle sorte qu’on puisse savoir exactement ce qui s’est passé.
Les crimes contre l’humanité – ne l’oubliez pas – c’est un crime de masse, un crime organisé. Donc l’organisation ne peut pas, à notre sens, être faite simplement par une seule personne. Il faut donc que les autres acteurs puissent comparaître ».
Rfi