Si l’on parle beaucoup des indécis et notamment, parmi eux, des éventuels électeurs de gauche, on se penche moins sur le cas des électeurs qui, eux, sont certains d’aller voter.
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Leur sociologie est pourtant très instructive. La riche enquête menée sur le sujet par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), présentée mardi 15 novembre à la Maison des Polytechniciens, à Paris, met en évidence trois caractéristiques qui ont leur importance : les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 41 % des électeurs certains d’aller voter dimanche, contre seulement 14 % pour les 18-34 ans ; les retraités constituent 48 % de cet électorat, quand les employés et ouvriers ne comptent que pour 17 % ; et une majorité de ces électeurs vit dans des communes urbaines de province.
Ce profil type de l’électeur certain de participer à la primaire – un retraité de plus de 65 ans vivant dans une ville de province – n’est pas neutre. Il influe directement sur les attentes citées dans les enquêtes d’opinion. Ainsi, parmi ces électeurs, les enjeux qui compteront « beaucoup » dans leur vote sont, pour 78 % d’entre eux, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le chômage et la relance de l’activité économique (72 %), la lutte contre la délinquance (69 %) et la capacité à réduire l’influence de l’islam (63 %).
L’enquête de la Fondapol souligne par ailleurs trois caractéristiques communes à ces électeurs et qui reflètent une vision du monde et de la société significativement différente de celle du reste de la population : ils sont ainsi 59 % à estimer que la mondialisation est une bonne chose pour la France (contre 47 % pour l’ensemble des personnes interrogées), 60 % à penser que l’Europe est une source d’espoir (contre 49 % pour l’ensemble des personnes interrogées), et surtout 89 % à considérer que l’État doit donner plus de libertés aux entrepreneurs – en clair pouvoir licencier plus facilement (contre 72 % pour l’ensemble des personnes interrogées).
Enfin, 10 % de ces électeurs certains d’aller voter à la primaire de la droite et du centre viennent de la gauche et 11 % du Front national.
« La primaire accentue les coupures de notre société dans des proportions vertigineuses »
Toutes ces données permettent de comprendre pourquoi les sept candidats à la primaire de la droite et du centre ont chacun fait dans la surenchère libérale, ou pourquoi d’autres ont misé sur des thèmes et des positionnements chers à l’extrême-droite.
Mais elles soulèvent surtout une question fondamentale qui a notamment été pointée, lors de la présentation de l’enquête, mardi soir, par Jérôme Jaffré, directeur du Centre d’études et de connaissance sur l’opinion publique (Cecop) : le candidat qui remportera cette primaire aura-t-il une légitimité démocratique ?
France24