L’élection d’un candidat climatosceptique à la tête des Etats-Unis les a secoués. Mais les participants à la COP22 reprennent courage ce mardi 15 novembre. L’arrivée de plusieurs dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement à Marrakech pour cette conférence des Nations unies sur le climat, la venue du secrétaire général de l’ONU et du secrétaire d’Etat américain sortant aussi, doivent être l’occasion d’envoyer un message à Donald Trump. Et François Hollande espère notamment tirer son épingle du jeu.
Si jamais les Etats-Unis de Donald Trump décident de ne plus rien faire pour sauver le climat, tous les autres pays devront alors redoubler d’efforts. Voilà le message que lancent ces jours-ci les ONG à Marrakech, au Maroc, où se déroule cette COP22 censée mettre sur les rails l’Accord de Paris.
Armelle Le Comte, d’Oxfam France, garde espoir et trouve la réaction d’autres pays, notamment la Chine, « rassurante ». « Le lendemain de l’élection, la Chine a dit : « Nous, on reste mobilisés, on veut tenir nos engagements parce que c’est aussi dans l’intérêt de la Chine. On sait qu’il y a des problèmes de pollution de l’air énormes. » »
Célia Gautier, du Réseau action climat, en est persuadée aussi : aucun pays ne va vouloir rater le virage vers les énergies renouvelables et les technologies du futur. « Sans même attendre ce que les Etats-Unis, enfin surtout ce que Donald Trump va décider de faire, nous attendons des Etats qu’ils réagissent et qu’ils montrent qu’ils sont prêts à accélérer les choses », dit-elle.
Tous attendent maintenant l’arrivée des chefs d’Etat et de gouvernement, avec leurs ministres, en espérant qu’ils affirmeront encore une fois haut et fort qu’ils tourneront le dos aux politiques « climaticides » avec ou sans Donald Trump, relate notre envoyée spéciale à Marrakech, Christine Siebert.
Le flou artistique autour de l’Accord de Paris, une opportunité pour Hollande ?
L’un des grands thèmes du rendez-vous : comment financer la lutte contre les changements climatiques et comment financer l’adaptation dans les régions qui souffrent déjà ? Les chefs d’Etat sont particulièrement attendus sur ce point qui concerne l’aide aux pays pauvres.
Armelle Le Comte espère de nouvelles annonces financières. « Aujourd’hui, seulement 16 % des financements » climat » internationaux vont à l’adaptation, alors que les impacts du changement climatique, que ce soit des sécheresses, des inondations, des ouragans, sont visibles », déplore-t-elle.
Et dans ce contexte, un chef d’Etat en particulier espère bien tirer son épingle du jeu, montrer qu’il peut rassurer et incarner malgré les mises en cause dans son propre camp de la fonction présidentielle sur la scène mondiale. A savoir François Hollande.
Un membre de la délégation française au Maroc voit en tout cas les choses ainsi. Selon cette source, c’est justement parce que M. Trump fait peser de sérieuses menaces sur l’Accord de Paris, et parce que l’ambiance est devenue grave, incertaine, que le président français peut encore incarner un leadership mondial.
Et de rentrer dans des considérations à mi-chemin entre l’enjeu climatique et la politique française auprès de notre autre envoyée spéciale au Maroc, Anissa El Jabri : « On laisse la droite sur le devant de la scène. Le président préside, il se concentre sur les vrais sujets. »
Car dans ce contexte, la posture régalienne qu’entend se donner François Hollande à Marrakech, somme toute un grand classique pour un président en fin de mandat, n’a pas pour unique but de sauver l’accord climatique de l’an passé. Il s’agit aussi, sans le dire, de répondre à la candidature d’Emmanuel Macron qui se profile, par exemple.
Pas de posture mais de nouvelles propositions concrètes, plaident les ONG
Les ONG présentes à Marrakech entendent néanmoins ramener le président français, lui aussi, à son bilan. Car la France peut mieux faire. Par exemple sur des thèmes comme la transition énergétique ; l’abandon des énergies fossiles comme le charbon pour se tourner vers les énergies renouvelables.
Denis Voisin, de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, adresse ainsi un message personnel à François Hollande : « On voit qu’on est aujourd’hui en France incapables de fermer une centrale à charbon. On n’en a plus que quatre, pour autant on ne sait pas faire. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas, depuis quatre ans, depuis dix ans, travaillé à des outils concrets. »
Et d’avancer l’un de ces outils possibles : des contrats de transition « qui permettraient d’apporter des garanties aux salariés qui travaillent sur ce site, à ces territoires, pour les amener vers un territoire qui a fait sa transition énergétique ».
Trump ou pas, élections à venir ou pas, « c’est à cela qu’on doit réfléchir collectivement aujourd’hui », conclut ainsi Denis Voisin : des « propositions concrètes avant la prochaine COP ». Beaucoup de travail attend donc les négociateurs et décideurs cette semaine pour cette « COP de l’action », comme l’on dit ces jours-ci à Marrakech.
Rfi